Face à l’adoption de politiques ESG contraignantes, les entreprises cherchent des solutions pour respecter leurs engagements, en particulier en ce qui concerne leurs investissements. Pour répondre à ces besoins, et inciter d’autres entreprises à suivre le mouvement, les banques développent de nouveaux instruments, parfois inspirés par des montages émanant du secteur public.
Du sable blanc, des eaux turquoise, des espèces endémiques et une faune marine préservée : l’archipel des Galápagos évoque plus facilement des vacances de rêve que le monde de la finance. Pourtant, c’est en tant que sous-jacent d’un montage financier, en l’occurrence un échange « dette contre nature » que ce joyau naturel a permis en mai dernier à l’Equateur de réduire sa dette publique de près d’un milliard de dollars, soit 3 % de son montant nominal. En contrepartie, l’Etat sud-américain s’est engagé à investir 18 millions de dollars chaque année pendant au moins vingt ans dans la préservation de l’archipel via notamment la création d’une réserve sous-marine de 60 000 km2. L’opération, dirigée par l’Agence américaine de développement, a intéressé de nombreux investisseurs internationaux, y compris français. « Nous sommes aujourd’hui un investisseur important sur les obligations vertes et sur les obligations responsables et quand il y a une opération importante comme celle-ci, nous sommes sollicités, explique Simon Le Dily directeur financier et RSE de La France Mutualiste. En 2022, 47 % de nos investissements obligataires étaient placés sur des obligations vertes ou sociales. » L’exemple des Galápagos illustre de fait une tendance plus générale : celle du recours à des instruments financiers méconnus ou innovants permettant à des acteurs privés, investisseurs comme entreprises, de s’impliquer dans les enjeux environnementaux et sociaux en appuyant au passage l’action de politiques publiques.
