Si les institutionnels ont profité de l’écartement des spreads OAT-Bund pour se renforcer sur la dette souveraine française afin de doper leur portefeuille obligataire, les gérants privilégient de leur côté le high yield ou encore la dette émergente. Ils se rejoignent toutefois sur la nécessité d’être prudents et de couvrir leur portefeuille contre l’inflation.
Depuis plusieurs mois, les marchés obligataires aux Etats-Unis comme en Europe subissent un changement majeur : la remontée des taux. «Nous assistons à la fin d’un cycle de 35 ans de baisse des taux d’intérêt, confirme Eric Bourguignon, responsable des activités pour compte de tiers en France chez Swiss Life Asset Managers. Le point bas a été atteint selon les pays entre l’été et l’automne 2016. Depuis, les taux d’intérêt sont orientés à la hausse». Pour les gérants comme pour les investisseurs institutionnels, ce renversement de tendance s’explique à la fois par des considérations macroéconomiques et par les politiques des banques centrales qui deviennent moins accommodantes (voir encadré). Une évolution qui a une nette incidence sur les rendements servis sur les obligations. En effet, lorsque les taux remontent, mécaniquement la valorisation des titres déjà en portefeuille diminue. Si cette situation est particulièrement préoccupante pour les gérants de fonds qui vont voir leur performance se dégrader, c’est moins le cas pour les institutionnels.
Une hausse très attendue
La remontée des taux constitue en effet plutôt une bonne nouvelle pour ces derniers. «La hausse des taux est très positive pour les investisseurs institutionnels car ils ont une approche différente des gérants dans la mesure où ils conservent – la plupart du temps – les titres en portefeuille jusqu’à leur maturité, relate Joël Prohin, directeur des gestions pour compte propre de la Caisse des dépôts (CDC). Il est en effet beaucoup plus facile de gérer des contraintes de passif avec des taux plus élevés.»
