Parole d’expert - SWEN Capital Partners

« Nos financements mezzanine incluent quasi systématiquement des indicateurs de performance ESG »

Publié le 8 décembre 2023 à 11h46

SWEN Capital Partners    Temps de lecture 5 minutes

Dans un environnement de taux durablement élevés, la dette privée de type « mezzanine » se positionne en relais des banques pour financer l’économie réelle tout en offrant aux investisseurs des rendements pouvant dépasser 15 %. Une classe d’actifs sur laquelle mise SWEN Capital Partners qui gère déjà en direct 200 millions d’euros et lève son troisième millésime, avec un prisme durable marqué. Les explications de Diego Felipe Aponte Vargas, directeur de la stratégie dette mezzanine chez SWEN Capital Partners.

Quel rôle joue la dette mezzanine dans un contexte économique marqué par des taux élevés et une inflation persistante ?

La dette mezzanine est une classe d’actifs qui continue de se développer car elle offre une solution de financement de l’économie réelle – des PME et ETI – capable de prendre le relais des banques. Aujourd’hui, les financements senior bancaires classiques sont plus difficiles à obtenir et les montants octroyés ne suffisent souvent pas au montage de l’opération. Les fonds de private equity font donc davantage appel à la dette mezzanine pour boucler les tours de table. Dans le cadre d’une opération sponsorless, elle est aussi un moyen pour le management ou le fonds d’accéder à de la liquidité même lorsque la baisse des valorisations compromet les sorties.

Les investisseurs répondent-ils présents ?

La dette mezzanine est un produit qui continue d’attirer les investisseurs institutionnels, car elle offre un rendement intéressant, notamment grâce aux intérêts réguliers élevés mais aussi à la plus-value générée à la sortie. Pour les acteurs assurantiels, elle reste complémentaire de leur poche d’obligations cotées : même si le rendement de cette dernière s’est beaucoup accru, il reste limité en termes réels. La dette mezzanine, qui est à taux variable, affiche de son côté des rendements contractuels de 15 à 17 % actuellement, soit bien au-delà de l’inflation. On constate une forte demande d’investisseurs moins contraints dans leur prise de risques, comme les caisses de retraite, les banques ou encore les family offices. Nous avons ainsi déjà levé la moitié des 130 à 150 millions d’euros que nous visons pour le troisième millésime de notre stratégie.

Comment positionnez-vous ce nouveau millésime étant donné le contexte économique complexe ?

Nous sommes plus sélectifs encore sur les dossiers que nous finançons. Tout d’abord, nous accordons une grande importance aux cash-flows que l’entreprise est capable de générer, surtout dans les périodes creuses, car il faudra qu’elle soit capable de payer les coupons non seulement des créanciers en dette senior, mais aussi des fonds de dette mezzanine comme nous. Nous sommes également très sensibles au coussin de fonds propres apporté par le fonds de private equity ainsi qu’à la qualité de ce dernier. Depuis 15 ans, SWEN Capital Partners, via sa plateforme de fonds de fonds, accompagne les acteurs du private equity, ce qui lui permet d’avoir une bonne visibilité sur la performance et la résilience de chacun.

C’est aussi une manière d’accéder aux opérations. Ainsi, malgré le contexte actuel tendu, nous parvenons à déployer nos capitaux : nous devrions finir l’année avec six ou sept opérations pour un total de 30 à 45 millions d’euros, sachant que nous visons une vingtaine de financements sur les quatre ans de ce troisième millésime. Enfin, nous avons décidé que cette stratégie serait non plus généraliste mais multithématique, avec trois verticales : les produits et services de demain (écoproduits, efficacité énergétique, enjeux de relocalisation, etc.), la santé et le bien-être (laboratoires, medtech, loisirs, éducation, etc.) et la data et la technologie (logiciels, sociétés de conseil numérique, etc.).

Quelle place occupe l’ESG dans votre process ?

Elle est centrale. Nous disposons d’une équipe interne, composée de neuf experts ESG, qui conseille et accompagne les équipes d’investissement sur chaque dossier. Nous incluons désormais quasi systématiquement des indicateurs de performance extra-financière lorsque nous octroyons un financement. Nous construisons ces indicateurs avec l’entreprise et, le cas échéant, le fonds sponsor. Ils sont généralement au nombre de trois : par exemple la réduction de l’empreinte carbone, ou encore l’amélioration de la parité dans les équipes et au sein de la gouvernance. Chacun de ces objectifs donne lieu à une baisse du taux d’intérêt de 15 points de base s’il est atteint, ou à une hausse équivalente dans le cas inverse.

Cette approche renforce notre relation avec les managements : nous cherchons à véritablement les accompagner sur toutes les problématiques ESG qu’ils peuvent rencontrer, en mettant à leur disposition nos spécialistes internes tout comme les partenaires de notre écosystème. Nous nous distinguons par cette relation humaine que nous parvenons à nouer. C’est aussi ce qui nous permet de remporter des opérations dans un marché très concurrentiel.

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