Après la Covid, la reflation
A l’aube de cette nouvelle année, nombre d’incertitudes politiques ont été levées, permettant aux investisseurs de se concentrer à nouveau sur les fondamentaux macroéconomiques. A court terme, ceux-ci restent très dépendants de la situation épidémique, dont l’effet négatif va l’emporter en première partie d’année. Ensuite, grâce à la montée en puissance de la vaccination, la croissance des pays développés va s’accélérer et atteindre son plein régime en 2022 pour largement dépasser son potentiel.
Dans ce scénario, et après une année 2020 de performance remarquable des actions et du crédit aux entreprises, un nouveau thème d’investissement majeur émerge : celui de la reflation. Pour s’en convaincre, il suffit d’observer l’agrégat monétaire américain M1 croître de 53 % en rythme annualisé, au lieu de 8 %. La monnaie imprimée à grande vitesse par la Fed finance tout, et même les chèques que Biden va distribuer à ses concitoyens. La BCE et la BoE suivent les brisées de leur consœur. Ainsi, l’inflation, comprise aujourd’hui entre 0 et 1,5 %, va s’accélérer et dépasser largement les 2 %. L’anticipation de cette dépréciation fiduciaire fait chuter la valeur du dollar (- 13 % depuis mars), qu’il faudra encore éviter cette année. Sont alors à privilégier les obligations indexées sur l’inflation, les matières premières ou les devises émergentes à fort carry. Plus que jamais, gardons à l’esprit la formule de Warren Buffet : «Le prix est ce que vous payez, la valeur est ce que vous obtenez.»
Thierry Million est directeur de la gestion obligataire d'Allianz Global Investors France. Ingénieur diplômé en Informatique de l’Institut de Recherche polytechnique de Mulhouse, titulaire d’un DESS en finance de l’Institut Supérieur de Gestion et diplômé de la SFAF, Thierry Million débute sa carrière en 1987 en tant que courtier et responsable de la Trésorerie chez Dynabourse. Il est ensuite gérant obligataire à la Banque Vernes. En 1994 il rejoint Dresdner RCM Gestion en tant que directeur de la gestion obligataire. En 2001 il devient Responsable des activités Product Management et Conseil d’AGF Asset Management. A partir de 2003, il prend la responsabilité des portefeuilles diversifiés des institutionnels et entreprises, ainsi que de la recherche quantitative et économique. En 2006, il est nommé directeur de la recherche économique et quantitative et du Conseil, puis directeur de la gestion obligataire d’Allianz Global Investors en 2008. Depuis 2013, il est directeur de la gestion obligataire institutionnelle.
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