Nous avons parfois la mémoire courte. Il y a six mois, peu croyaient à un début de normalisation de la politique monétaire en 2022 aux Etats-Unis. A l’époque, le raisonnement était que la poussée de l’inflation n’était que temporaire, et que le marché de l’emploi restait déprimé. Les projections pour 2022 étaient d’ailleurs faibles, à 2,1 % seulement.

Le constat a bien changé. En décembre 2021, l’inflation a atteint 7 % en glissement annuel, avec un taux de chômage de 3,9 %, contre un plus bas historique de 3,5 %. Et si certains facteurs qui ont tiré les prix vers le haut devaient se dissiper, il est maintenant acquis que, dans certains segments, les tensions inflationnistes pourraient persister, amenant l’inflation bien au-dessus des 2 % envisagés par Madame Yellen, secrétaire au Trésor, à la fin de 2022.

Dans ce cadre, le Fed a déjà annoncé qu’elle agirait. Les achats d’actifs vont être réduits plus rapidement et des hausses de taux devraient intervenir probablement dès mars 2022. Le marché en anticipe aujourd’hui quatre, contre une il y a six mois.

Son objectif est que les revenus générés par la croissance soutiennent l’investissement et l’emploi, plutôt que les hausses des prix, qui, in fine, nuiraient à l’expansion économique. Et si certains l’appellent à une action plus forte, cela reste peu probable. Car les autorités américaines savent qu’il sera difficile de naviguer vers une normalisation de la politique monétaire. Et elles feront tout pour éviter de détruire l’incroyable succès de la reprise américaine en cette sortie de pandémie.