France, une incertitude politique qui dure… et qui pèse

Publié le 19 septembre 2025 à 11h04

Julien-Pierre Nouen    Temps de lecture 2 minutes

Avec la nomination du nouveau Premier ministre Sébastien Lecornu, faisant suite au mandat écourté de François Bayrou dont le plan d’économies de 44 milliards d’euros restera sans suite, la France ouvre un nouveau chapitre d’une histoire commencée avec la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024.

La croissance économique va-t-elle s’arrêter sous le coup de l’incertitude ? De 2022 à 2024, la croissance française a bien tenu, restant supérieure à 1,5 % en glissement annuel. Mais elle a marqué le coup à partir du deuxième trimestre 2024, et reste sous les 1,0 % depuis. La dissolution a provoqué un choc de confiance qui a été d’abord masqué par l’effet jeux Olympiques, mais qui est très net lorsqu’on regarde l’évolution des agrégats macroéconomiques sur la période récente par rapport au reste de la zone euro.

On le voit notamment dans l’évolution du taux d’épargne qui, en France, continue de progresser alors qu’il s’est stabilisé dans le reste de la zone euro. Même constat dans la tendance de l’investissement : sur un an, il était en baisse de 1 % au deuxième trimestre, alors qu’il progressait de 3 % dans l’ensemble de la zone euro.

Quant au risque de dérapage sur les marchés financiers, le niveau de spread actuel est le même que celui supporté par des pays aux ratings bien inférieurs. Autrement dit, les investisseurs intègrent déjà une situation budgétaire compliquée. La crise de la zone euro concernait des pays sujets à des crises bancaires et provenait aussi des inquiétudes quant au maintien des pays dans l’euro : les investisseurs réclamaient donc une prime pour compenser ce risque. Aujourd’hui, ces risques spécifiques ne sont pas là.

Tout dépendra donc de la politique. On peut discuter du rythme et des moyens de la consolidation budgétaire, mais la trajectoire doit demeurer dans ce sens et idéalement devenir plus claire. Qu’un gouvernement remette en question le principe de la consolidation, les marchés s’inquiéteront alors bien plus qu’aujourd’hui.

Julien-Pierre Nouen Directeur des études économiques et de la gestion diversifiée ,  Lazard Freres Gestion

Julien-Pierre Nouen est directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Freres Gestion

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