La reprise se profile, mais elle ne se fera pas sans heurts

Publié le 22 janvier 2021 à 18h51

Alexis Garatti

Quarantaine, confinement, couvre-feu : si l’on devait élire les trois mots de l’année 2020, le trio gagnant serait certainement celui-ci. Mais alors que l’année 2021 commence, je veux parier sur un nouveau tiercé : espoir, vaccination, reprise. 

Il faudra du temps pour vacciner un maximum de personnes. Mais il semble réaliste d’espérer que d’ici mi-2021, 20 à 40 % des populations les plus vulnérables le soient. De quoi envisager un retour progressif vers une certaine normalité économique ? Chez Euler Hermes, nous pensons qu’à l’opposé de l’économie de la quarantaine, celle des vaccins redonnera la confiance nécessaire à la reprise de tous les secteurs de l’économie, y compris ceux les plus touchés par la crise (hébergement, restauration, tourisme, loisirs…).

L’annonce du déploiement des campagnes de vaccination dans le monde résonne comme une perspective de sortie de crise sanitaire. L’arrivée des vaccins porte ainsi dans son sillage une dose d’espoir et d’optimisme, primordiale pour rehausser la confiance des agents économiques. Or la confiance est une condition essentielle pour enclencher la reprise. En France, par exemple, le retour de la confiance des ménages en 2021 générerait un surplus de consommation de plus de 10 milliards d’euros, et libérerait près de 20 milliards d’euros d’épargne accumulée l’an passé. Une manne non négligeable à saisir pour les entreprises, qui soutiendra le lancement d’un nouveau cycle économique que l’on espère durable.

La reprise s’installera donc au fur et à mesure que la population sera vaccinée, et à condition que le soutien budgétaire étatique soit prolongé sur l’ensemble de l’année. En 2021, la croissance économique devrait rebondir de +4,6 % à l’échelle mondiale et de +6,1 % en France. Des niveaux certes insuffisants pour revenir à la situation de 2019, mais une étape nécessaire pour atteindre cet objectif dans les plus brefs délais.

Bien entendu, de nombreux défis se dressent encore sur la route de la croissance et viennent menacer ces prévisions. L’aspect épidémique tout d’abord : la deuxième vague de la Covid-19 n’est pas encore derrière nous, et les annonces d’une troisième vague, couplée avec des formes mutées du virus, se multiplient. Le premier trimestre de l’année pourrait donc refléter des performances de croissance faibles, en ligne avec un confinement assez strict des activités économiques. 

Ensuite, les défis inhérents à la vaccination : certes, une campagne massive de vaccination sera nécessaire pour enclencher la reprise, mais il faudra lever quelques freins pour atteindre les objectifs fixés. Côté demande, les pouvoirs publics se trouvent devant un défi pédagogique qui consiste à combattre le scepticisme à l’égard de la vaccination. Côté offre, un défi colossal s’impose en termes de logistique et des goulets d’étranglement apparaîtront sûrement tant au niveau de la production que de la distribution.

Après s’être longtemps caché en 2020, le risque d’impayés montrera son vrai visage en 2021. Le nombre de défaillances a reculé en 2020 en France et dans le monde, mais il s’agit d’une évolution purement mécanique et statistique qui ne reflète pas la réelle santé financière des entreprises. En effet, rien qu’en France, au premier semestre 2020, les marges des entreprises ont reculé de -7 points et l’endettement a progressé de +10 points. La pression sur les trésoreries est maximale.

Elle devrait d’ailleurs se manifester dès cette année, au fur et à mesure que le soutien public aux entreprises s’estompera. Chez Euler Hermes, nous estimons qu’en 2021, en France et en zone euro, 1 entreprise sur 4 se retrouvera en situation de crise de trésorerie, c’est-à-dire en manque de liquidités pour garantir le bon fonctionnement de l’activité. Dans le monde, le nombre de défaillances d’entreprises devrait croître en 2021 de +25 %. En France, nous attendons 50 000 défaillances d’entreprises en France en 2021, et plus de 60 000 en 2022. 

L’enjeu pour les entreprises sera de saisir les opportunités créées par la dynamique de reprise qui s’enclenche, tout en limitant l’exposition au risque d’impayés. Sans quoi les efforts accomplis pourraient malheureusement s’avérer contre-productifs. Les perspectives de 2021 s’annoncent moins sombres que celles de 2020. La route est encore longue, et les défis nombreux, mais de réels motifs d’espoirs existent. A nous de nous en saisir pour faire de 2021 l’année de la reprise !

Alexis Garatti Directeur de la recherche économique ,  Euler Hermes

Alexis Garatti, directeur de la recherche économique, Euler Hermes

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