Un an après le premier confinement, où en est l’économie française ?

Publié le 2 avril 2021 à 18h13

Alexis Garatti

En mars 2020, la France se confinait pour la première fois de son histoire. Un an plus tard, et après avoir subi de nombreuses autres restrictions sanitaires, où en est l’économie française ? Quelles sont ses perspectives de reprise ? Tour d’horizon de l’économie française en cinq indicateurs clés.

En 2020, la France a enregistré sa pire récession économique depuis 1945 (– 8,2 %). Les restrictions sanitaires destinées à endiguer l’épidémie, essentielles pour préserver la santé de la population, ont eu un impact conséquent sur l’activité économique française, avec une perturbation sévère de la production et une consommation contrainte. Par ailleurs, l’apparition de nouveaux variants et la mise en place de nouvelles restrictions sanitaires ont pesé sur l’activité économique début 2021. La dynamique de reprise économique en France ne se matérialisera donc pas immédiatement, et reste conditionnée au retour de la confiance des agents économiques, ce qui passe par le succès de la campagne nationale de vaccination. Chez Euler Hermes, nous prévoyons une accélération de l’activité économique au deuxième semestre 2021, et donc un rebond de la croissance du PIB de + 5,4 % sur l’année.

Lors du premier confinement, de nombreux secteurs ont dû temporairement suspendre leur activité productive afin d’adapter leur fonctionnement pour respecter les nouvelles réglementations sanitaires. Une fois que les entreprises se sont réorganisées, la production est restée néanmoins contrainte, du fait d’une demande inférieure à l’année précédente. Ainsi, au quatrième trimestre 2020, les capacités productives du secteur industriel français étaient – 7,5 % en dessous de leur moyenne de long terme, contre – 5 % en Allemagne et – 2,4 % aux Etats-Unis. Début 2021, les capacités productives des entreprises françaises étaient toujours inférieures de – 5 % à leur moyenne de long terme, du fait de l’incertitude générée par le contexte actuel affectant de nombreux secteurs.

Néanmoins, nous prévoyons un retour à la normale du niveau d’activité au deuxième semestre 2021.La légère augmentation du pouvoir d’achat des Français en 2020 (+ 0,6 %), du fait des dispositifs de soutiens étatiques, n’a pas empêché une chute de la consommation des ménages en 2020 (– 7 %). Cette tendance s’explique par des mesures sanitaires restrictives, combinées à une prudence accrue des ménages dans un environnement incertain. Le surplus d’épargne lié à la crise Covid pourrait s’élever à 200 milliards d’euros sur les années 2020 et 2021. Le déclin de la consommation française reste tout de même inférieur aux chutes observées dans les pays voisins. Le point rassurant, c’est que la consommation des ménages a fortement rebondi au troisième trimestre 2020, au moment de la levée de certaines restrictions sanitaires, preuve d’une certaine résilience. La clé pour voir la consommation repartir de l’avant cette année sera évidemment la confiance. En fonction du succès des campagnes de vaccination, et du prolongement des soutiens étatiques, ce retour de la confiance pourrait arriver au printemps. On peut ainsi espérer un rebond de la consommation des ménages français de + 5,7 % cette année.

Le taux de marge des entreprises françaises devrait progresser de nouveau et atteindre environ 31 % en 2021.

En attendant, les programmes de soutien gouvernementaux ne sont pas parvenus à endiguer la baisse du taux moyen de marge des entreprises françaises en 2020. Ce dernier a reculé de près de – 4 points par rapport à fin 2019. Ce recul s’explique par la baisse de la productivité des entreprises, par le recul de la consommation des ménages, et par les compensations salariales qui sont devenues progressivement moins généreuses dans les secteurs qui n’étaient pas directement frappés par les mesures sanitaires. Le taux de marge des entreprises françaises devrait ainsi progresser de nouveau et atteindre environ 31 % en 2021. Une évolution qui dépendra de la reprise de l’activité économique et du maintien des dispositifs étatiques.

A la fin du troisième trimestre 2020, le taux d’endettement des entreprises françaises a bondi de + 13 points par rapport au quatrième trimestre 2019, pour atteindre un niveau largement supérieur à celui de la moyenne de la zone euro (près de 20 points de plus). Ce constat s’explique principalement par un recours aux PGE, dont le remboursement a été décalé à mars 2022, préservant ainsi à court terme la liquidité des entreprises. Néanmoins, le poids de la dette pèsera sur les marges et la capacité d’endettement des entreprises françaises, et donc sur leur solvabilité, particulièrement pour les entreprises les plus exposées au contexte sanitaire actuel. Entre marges toujours contraintes et endettement croissant, gare au renforcement du risque d’impayés cette année en France. 

Alexis Garatti Directeur de la recherche économique ,  Euler Hermes

Alexis Garatti, directeur de la recherche économique, Euler Hermes

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