La Tech investit, le reste de l’économie doit suivre
Les montants d’investissement annoncés par la Tech américaine – en particulier les 400 à 500 milliards de dollars par an prévus par les hyperscalers – font ressurgir le spectre d’un surinvestissement global.
En fait, l’excès ne sera avéré que si ces engagements massifs ne sont pas relayés par des investissements du « reste de l’économie », indispensables pour offrir des débouchés à la Tech américaine. Ce reste de l’économie a été freiné par les incertitudes liées à la guerre commerciale, mais il est désormais en position de prendre le relais. Tous les indicateurs sont au vert : les mesures de déductions prévues par la dernière réforme fiscale OBBBA sont fortement incitatives, la politique monétaire est appelée à s’assouplir davantage, et la profitabilité macroéconomique demeure élevée. Surtout, les entreprises poursuivent leur désendettement et n’épuisent pas leur capacité d’autofinancement. On en oublierait presque que, dans un environnement économique « normal », les entreprises sont pourtant supposées mobiliser pleinement cette capacité et recourir à l’endettement pour financer leurs investissements.
Le risque ne réside donc pas dans l’ampleur des investissements de la Tech américaine, mais dans la vitesse à laquelle le reste de l’économie saura les transformer en gains de productivité. Pour le moment, les marchés actions ont toutes les raisons d’accorder le bénéfice du doute.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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