L’IA, un choc macroéconomique majeur
L’intelligence artificielle (IA) se diffuse lentement mais sûrement. Aux Etats-Unis, le taux d’adoption – c’est-à-dire la part d’entreprises déclarant l’utiliser – atteint 8,8 % contre 4,6 % un an plus tôt. Et ce taux va continuer de progresser.
Dès lors qu’il s’agit d’évaluer les conséquences macroéconomiques, celles-ci portent principalement sur deux grandeurs, la productivité et l’emploi.
S’agissant de la productivité, l’IA devrait exercer un double effet positif : un choc en niveau grâce à l’automatisation de certaines tâches, et un choc sur la tendance, en stimulant de nouvelles innovations. Cet effet est peut-être déjà visible aux Etats-Unis dans les secteurs de l’information et de la banque-assurance qui sont à la fois les plus utilisateurs d’IA et ceux qui ont bénéficié de la plus forte hausse de productivité.
L’impact sur l’emploi est plus nuancé. En principe, les innovations favorisent l’emploi : elles requièrent du capital humain et les gains de productivité soutiennent la croissance, donc l’embauche. Mais à court terme, elles peuvent accroître le chômage si elles remplacent certains postes et qu’il y a une désynchronisation temporaire entre compétences disponibles et compétences requises. De façon pragmatique, il convient de surveiller les chiffres d’emploi des jeunes les plus qualifiés, sachant que le taux de chômage de cette catégorie a augmenté aux Etats-Unis.
Disruptive par nature, l’IA pourrait avoir des effets macroéconomiques encore largement sous-estimés.
Christophe Morel est chef économiste de Groupama Asset Management
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