Taxation du carbone aux frontières : de l’importance de l’effet prix

Publié le 19 décembre 2025 à 15h53

Didier Borowski    Temps de lecture 2 minutes

Le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières (CBAM) entrera pleinement en application le 1 janvier 2026. Il obligera les importateurs à acheter des certificats carbone pour compenser les émissions incorporées dans certains biens, tels que l’acier, l’aluminium, le ciment, les engrais et l’électricité. Pendant la phase transitoire, en place depuis 2023, il suffisait de déclarer les émissions.

Dès le début 2026, les importateurs devront être agréés et disposer d’un « compte CBAM » pour pouvoir libérer les marchandises, avec un seuil d’exemption fixé à 50 tonnes par an.

Ce mécanisme entraînera naturellement une hausse des prix de certaines importations, avec des augmentations estimées à 5-10 % pour les modules solaires et pouvant aller jusqu’à 15-60 % pour certains produits en acier ou en aluminium, selon l’intensité carbone des pays exportateurs. Il favorisera les producteurs européens au détriment des exportateurs qui ne disposent pas d’une tarification équivalente.

Les estimations de la BCE montrent que ce mécanisme peut peser sur le PIB et accroître l’inflation. Toutefois, l’impact économique serait modeste et temporaire, surtout si les investissements dans les énergies renouvelables augmentent parallèlement, car ces derniers permettront de diminuer l’impact négatif grâce à la baisse des prix de l’électricité.

Il ne faut donc pas craindre la hausse de certains coûts. C’est précisément le « signal prix » qui est recherché pour produire des effets vertueux à moyen terme et favoriser la décarbonation industrielle. Le signal prix incite en effet à la substitution. La transition énergétique a certes un coût, mais ce mécanisme fait partie du dispositif qui permettra d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, tout en préservant la compétitivité européenne.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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