Que penser de l’accord commercial conclu entre les Etats-Unis et l’Union européenne ?
Le 25 août, les deux parties ont signé un accord instaurant un droit de douane forfaitaire de 15 % sur la plupart des exportations de l’Union européenne (UE) vers les Etats-Unis, y compris les voitures, les semi-conducteurs et les produits pharmaceutiques. En contrepartie, l’UE s’est engagée à acheter massivement du gaz naturel liquéfié, du pétrole et des puces IA américaines pour une valeur totale de 740 milliards d’euros sur trois ans, afin de remplacer les importations russes. De plus, l’UE supprimera les droits de douane sur tous les produits industriels américains et offrira un accès préférentiel aux produits agricoles et de la mer américains.
Sous réserve que l’UE respecte ses engagements, le droit de douane de 15 % pourrait s’appliquer rétroactivement à compter du 1er août 2025. Toutefois, cet accord n’est pas juridiquement contraignant ; il sert de cadre pour poursuivre les négociations. Son principal intérêt est donc d’éviter un bras de fer entre Européens et Américains. Mais il ne faut pas se leurrer. Si le pire a été évité, l’accord conclu favorise très clairement les Etats-Unis. D’autant que l’euro s’est déjà apprécié de quelque 15 % face au dollar depuis le début de l’année, ce qui signifie que les Européens doivent absorber une baisse de leur compétitivité prix de 30 % sur le territoire américain.
Alors, pourquoi avoir cédé aux Américains ? Il se trouve que depuis le début de l’année, l’incertitude induite par les menaces de droits de douane a coûté davantage en termes de croissance, en dissuadant l’investissement, que les droits de douane eux-mêmes. Les Européens ont décidé de « purger » cette incertitude, en espérant que les Américains seraient plus enclins à offrir des garanties de sécurité à l’Ukraine. L’avenir dira si le pari est gagnant.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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Didier Borowski