It’s the wealth, stupid !
Les dépenses des ménages les plus aisés sont essentielles pour comprendre les performances macroéconomiques aux Etats-Unis. Le patrimoine accumulé par les ménages joue en effet un rôle clé dans la dynamique de consommation. Or, comme on le sait, la détention d’actions est très concentrée chez les ménages les plus riches. La valeur nette des actions qu’ils détiennent (directement ou indirectement) a augmenté d’environ 7 500 milliards entre la mi-2024 et la mi-2025. A supposer une propension marginale à consommer cette richesse de 3 % (un ordre de grandeur confirmé par des études récentes), on peut évaluer la consommation en l’absence d’effet richesse et en déduire – toutes choses égales par ailleurs – la croissance du PIB.
On estime ainsi que l’impact sur la consommation en glissement annuel au deuxième trimestre était de l’ordre de 0,7 point de pourcentage. L’effet richesse aurait ainsi contribué à hauteur d’un demi-point à la croissance annuelle du PIB. Autrement dit, hors effet richesse, la croissance au premier semestre n’aurait pas atteint 2,0 % sur un an, mais 1,5 %, un chiffre nettement inférieur au potentiel. Au vu de l’évolution récente des Bourses, la situation n’a guère changé depuis. Attention néanmoins au retour de bâton : en cas de baisse brutale des cours, un renversement de l’effet richesse pèserait très significativement sur la croissance. Tout cela complique l’action de la Fed. En attendant, le président Trump pourrait bien finir par s’inspirer de l’expression « It’s the economy, stupid ! » popularisée lors de la campagne de Bill Clinton en 1992 et s’écrier : « It’s the wealth, stupid ! » Il n’est toutefois pas certain qu’un tel slogan soit porteur pour les élections de mi-mandat de novembre 2026.
Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.
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Didier Borowski