Déjà actives à travers leurs votes en AG, les sociétés de gestion montrent des velléités de participer davantage à la gouvernance des entreprises qu’elles ont en portefeuille, y compris publiquement. Elles se lancent ainsi dans le dépôt de résolutions dissidentes, même en France où la pratique est pourtant rare. Mais l’articulation avec le dialogue plus informel qu’elles pratiquent déjà avec le management n’est pas toujours simple.
Quand la société de gestion Meeschaert AM a décidé, en octobre dernier, de se lancer dans le dépôt d’une résolution externe à l’assemblée générale (AG) de Total pour forcer le géant pétrolier à mieux prendre en compte les enjeux climatiques, elle savait que ce serait un parcours du combattant : outre le fait qu’en France, il faut détenir au moins 0,5 % du capital de la société – ce qui impose à plusieurs asset managers de collaborer –, la procédure administrative est, pour sa part, particulièrement lourde. Et la crise sanitaire n’a rien arrangé. «En moins de vingt jours, en plein confinement, nous avons dû collecter auprès des dépositaires les preuves de détention des titres, disséminés dans plus d’une centaine de fonds, et les envoyer par coursier à la société», relate Aurélie Baudhuin, directrice générale déléguée Meeschaert AM et porte-parole du groupement qui compte aussi une dizaine d’autres asset managers. L’objectif de cette résolution, que Total a accepté d’inscrire à l’ordre du jour de son AG le 29 mai prochain : «sensibiliser le conseil d’administration et les actionnaires sur la question de la transition énergétique», explique la porte-parole.
Une participation généralisée aux votes
Certes, ce dépôt d’une résolution par un groupe d’actionnaires minoritaires reste une initiative rare en France – 17 résolutions «dissidentes» ont été recensées par l’Hedbo des AG cette année pour le SBF 120. Mais il témoigne du rôle croissant que veulent jouer les minoritaires, et en particulier les asset managers, dans la...