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Interview de Bertrand Badré, P-DG de Blue like an Orange Sustainable Capital

«On sous-estime encore la dimension stratégique des enjeux de finance durable»

Publié le 23 novembre 2020 à 11h51

Valérie Nau

La crise sanitaire majeure qui sévit depuis plusieurs mois souligne la nécessité d’accélérer les actions en faveur du développement et de la finance durables. Pour Bertrand Badré, qui fut notamment directeur financier de la Banque mondiale et dirige à présent un fonds d’investissement responsable, il est urgent de repenser le modèle économique pour l’adapter aux engagements pris en la matière. L’occasion, aussi, pour l’Europe d’affirmer ses positions au sein de la compétition mondiale.

Cinq ans après les accords de Paris, la notion de finance durable est montée en puissance au sein des entreprises comme de la communauté financière. Mais les progrès ne restent-ils pas encore trop limités, comme le suggère le titre de votre dernier ouvrag

Depuis la crise financière de 2008, on a essentiellement colmaté les brèches d’un système qui avait failli, sans chercher vraiment à le refonder. Pourtant, à l’issue des grands sommets internationaux de 2015, on pouvait croire que les participants avaient choisi une feuille de route centrée sur la finance durable, et sur une croissance inclusive, résiliente. Mais les accords de Paris ne comportaient pas d’obligations : ils ont défini des objectifs individuels, sur lesquels les Etats se sont engagés. On pensait cependant qu’il y aurait un effet d’entraînement. Cela n’a finalement pas été le cas. On le voit par exemple dans le domaine des bonnes pratiques financières : les obligations vertes se sont développées, mais elles ne sont pas devenues la norme.

En fait, un cadre très ambitieux a été adopté pour le développement durable, mais il présente des faiblesses. D’abord, il a été écrit par des décideurs publics, et n’est donc pas complètement adapté au fonctionnement d’entreprises privées. Surtout, à l’époque, les participants se sont concentrés sur la première question importante après la crise, à savoir quel type d’économie leur paraissait souhaitable. La réponse a été une économie de développement durable. Mais on n’a pas complètement répondu à la question suivante, qui concernait le financement de cette nouvelle économie. Il y a eu beaucoup d’estimations chiffrées mais peu de réflexions sur la façon dont on allait trouver l’argent nécessaire. Par conséquent, bien que des...

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