En 2004, vous avez créé une société de gestion d’un genre nouveau en France, Tikehau Capital, avec l’objectif affiché de devenir un leader en Europe dans le domaine de la gestion alternative. Vingt ans plus tard, vous gérez 43 milliards d’euros avec une équipe de 758 personnes réparties dans 17 bureaux dans le monde. Comment résumeriez-vous ce parcours ?

Antoine Flamarion : L’industrie financière a connu au cours des dernières décennies des changements majeurs, portés à la fois par l’accroissement de l’épargne mondiale du fait de l’augmentation et du vieillissement de la population, et par les transformations induites par les nouvelles technologies et la transition écologique. Ces changements ont conduit des acteurs, nés il y a 30 ou 40 ans aux Etats-Unis et souvent spécialisés à l’origine dans le private equity, comme KKR, Blackstone, Ares, Apollo… à élargir leurs secteurs d’intervention à d’autres thématiques (dette privée, immobilier, infrastructures…) et à de nouveaux pays. Ils sont devenus de grandes sociétés de gestion alternative, au point de rivaliser avec les institutions financières traditionnelles, ou même de les dépasser. Quand je travaillais chez Goldman Sachs, Blackstone était un petit client ; aujourd’hui sa capitalisation boursière est supérieure à celle de la banque ! Tikehau Capital a bénéficié de cet environnement. Dès le départ, notre idée était d’arriver à créer une plateforme multiclasse d’actifs en nous inspirant de ces acteurs américains. Vingt ans plus tard, nous restons persuadés que nous ne sommes qu’au début de l’aventure.