Premium

Risque de liquidité

Une nouvelle génération de stress-tests

Publié le 26 février 2021 à 14h54

Géraldine Dauvergne

Depuis cinq mois, les gestionnaires de fonds collectifs et alternatifs appliquent, à la demande de l’Autorité européenne des marchés financiers, des stress-tests de liquidité à chacun des fonds qu’ils gèrent. Un exercice inédit, où même l’improbable a sa place.

Juillet 2016. Au lendemain de la victoire du Brexit au référendum, de grands fonds immobiliers britanniques ne sont pas parvenus à honorer les demandes de retraits d’investisseurs paniqués. Ils ont dû alors se résoudre à geler toutes les transactions, parfois plusieurs mois, comme Aviva Investors. C’est pour éviter dorénavant de telles crises que l’Esma (European Securities and Markets Authority) a entrepris de renforcer en Europe la supervision des outils de gestion de liquidité. Une opération à laquelle s’est ralliée l’Autorité des marchés financiers (AMF) en indiquant, en septembre 2020, qu’elle se conformait aux orientations de l’Autorité européenne. Les gestionnaires de fonds collectifs (OPCVM) et alternatifs (FIA) ont eu un an, depuis la publication du rapport de l’Esma en septembre 2019, et en prévision de l’entrée en vigueur de ses « orientations », le 30 septembre 2020, pour mettre au point leurs simulations de crise de liquidité. Toutefois, le risque de liquidité est considéré depuis longtemps par les régulateurs comme systémique pour l’industrie financière. L’obligation de stress-tests était en effet déjà présente dès 2010 dans les directives européennes OPCVM, puis AIFM. Les orientations applicables depuis fin septembre 2020 précisent en fait certains contours de l’exercice, de la gouvernance à mettre en place aux modalités techniques, en passant par la typologie des scénarios, et la fréquence des tests.

Une documentation synthétique et efficace

  • L’ultime étape des stress-tests de liquidité selon l’Esma, c’est la documentation. Elle doit être utile au gestionnaire lui-même, mais aussi à l’Autorité nationale compétente, qui peut exiger qu’elle lui soit communiquée, et aux dépositaires, qui doivent l’exiger pour s’assurer de la bonne mise en œuvre de ces programmes. Nul besoin d’un pensum. « Elle est constituée de pages Word qui décrivent de manière assez générique l’objectif, la méthodologie, la périodicité, les facteurs, et la gouvernance autour des stress-tests », décrit Mohamed Benlaribi, associé Risk Advisory chez Deloitte. Celle-ci gagne à être efficace et synthétique. « Les sociétés de gestion gèrent plusieurs fonds de natures différentes. Elles ont donc intérêt à produire une documentation chapeau, et une documentation par type de fonds, qui leur permettent de couvrir l’exigence réglementaire, sans y passer trop de temps ». De même, en comité des risques, mieux vaut présenter les seuls indicateurs mettant en évidence les difficultés et zones de risques rencontrées.

Des scénarios historiques et hypothétiques

La grande nouveauté introduite par l’Esma consiste à faire...

Dans la même rubrique

Abonnés Empreinte carbone : un indicateur à manier avec précaution

Centrales dans les analyses extra-financières des investisseurs, les émissions de gaz à effet de...

Abonnés Les institutions financières face à une sophistication sans fin de leur empreinte carbone

Les corporates ne sont pas les seuls à peiner pour se mettre en conformité avec la directive CSRD :...

Abonnés Amundi accélère son développement aux Etats-Unis

Le gestionnaire envisage de fusionner Amundi US avec Victory Capital en échange d’une prise de...

Voir plus

Chargement en cours...