Plusieurs facteurs expliquent la contre-performance des actifs obligataires en 2018 : les valorisations trop élevées, les erreurs d’anticipation des investisseurs professionnels ou encore les risques politiques et géopolitiques. Mais l’année 2019 s’annonce sous de meilleurs auspices. Si les investisseurs institutionnels déplorent l’absence de perspectives de hausse des taux d’intérêt, les gérants constatent des valorisations plus attractives sur le marché du crédit en particulier pour les titres notés en catégorie high yield et pour les obligations émergentes. Les performances ont ainsi été au rendez-vous au mois de janvier. Elles ressortent à 4,5 % aux Etats-Unis et à 2,5 % en Europe sur le high yield et sont comprises entre 3 et 5 % en ce qui concerne la dette émergente corrigée du risque de change. Malgré ce rebond qui se cumule à un changement de ton des banques centrales, des risques sont toujours présents sur la classe d’actifs, comme par exemple une hausse possible du taux de défaut, notamment en cas de dégradation de la conjoncture.
- L’année 2018 a été décevante sur les marchés obligataires, la classe d’actifs a délivré des rendements négatifs, comment expliquez-vous cette contre-performance ?
- En tant qu’investisseur institutionnel avez-vous également subi en 2018 l’évolution défavorable de la classe d’actifs ?
- Quelles sont les perspectives en ce début d’année ?
- Les investisseurs montrent des signes d’intérêt pour le monde émergent, est-ce le moment de revenir vers ces actifs ?
- Y a-t-il des zones que vous préférez en matière de dettes émergentes ?
- Faut-il délaisser les obligations souveraines, en particulier les titres européens ?
- Est-ce que l’inflation constitue encore un thème d’investissement ?
- Quels risques avez-vous identifiés sur le marché obligataire ?
- Est-ce que le manque de liquidité constitue aussi un facteur de risque ?
- Est-ce que le manque de liquidité sur certains actifs vous conduit à utiliser des produits dérivés ?
- Quelle place prend l’ESG dans la gestion obligataire ?
L’année 2018 a été décevante sur les marchés obligataires, la classe d’actifs a délivré des rendements négatifs, comment expliquez-vous cette contre-performance ?
David Poulet, associé gérant chez Amiral Gestion : La performance de la classe d’actifs a été négative en particulier en ce qui concerne le crédit car les valorisations étaient trop chères aussi bien d’un point de vue taux d’intérêt que d’un point de vue spreads (marge de crédit). Les marchés obligataires avaient en effet atteint des sommets en 2017 sous l’effet du quantitative easing mené par les banques centrales. La principale difficulté pour un gérant fondamental depuis deux ans est de trouver suffisamment de dossiers convenables dans lesquels investir. Chez Amiral Gestion, nous avons une approche de «picking» qui consiste à sélectionner chaque dossier en fonction de trois critères : sa rémunération, son risque de taux et son risque de crédit. Peu de dossiers permettaient l’an dernier de combiner ces critères de façon adéquate. Notre grande sélectivité combinée à notre approche flexible qui nous autorise à «ne pas investir» en gardant de la trésorerie nous a permis d’éviter les principaux accidents de l’année et de dégager une performance positive.
Camille Barbier, président de Salamandre Asset Management : Pour expliquer les évolutions des marchés obligataires en 2018, il faut bien distinguer la partie taux et la partie crédit. Fin 2017, début 2018, la principale préoccupation en matière de taux était le retour de l’inflation dans un contexte où la croissance européenne avait atteint un niveau record. Les investisseurs professionnels s’attendaient donc à une résurgence de...