Avec l’essor des ETF actifs en Europe, l’Irlande vient défier frontalement le Luxembourg sur son pré carré de la gestion active, poussant ce dernier à se défendre. L’enjeu est également, pour les Bourses nationales, de parvenir à attirer les émetteurs de fonds cotés, en améliorant la liquidité offerte. Une initiative récente d’Euronext pourrait rebattre les cartes.
Avec des encours qui ont dépassé en septembre dernier la barre symbolique des 3 000 milliards de dollars – deux fois plus qu’il y a quatre ans selon ETFGI –, les ETF apparaissent plus que jamais comme une lame de fond pour le marché européen de l’asset management. D’autant que leur succès dépasse désormais le strict champ de la gestion indicielle et gagne petit à petit celui de la gestion active, pré carré des fonds traditionnels non cotés : le nombre d’ETF actifs a doublé en Europe sur la seule année 2025 et dépasse les 500 selon Trackinsight. Un essor qui pourrait, à terme, rebattre les cartes entre les différentes places financières européennes de l’asset management du fait des spécificités de ces fonds cotés. L’enjeu n’est pas tant sur le lieu où sont gérés les ETF : la hiérarchie des places n’a pas évolué malgré leur essor, le Royaume-Uni continuant de dominer avec 31 % des quelque 19 000 milliards d’euros d’encours des fonds européens (toutes catégories confondues), devant la France (18 %) et l’Allemagne (14 %), selon l’Efama. Mais en coulisses, la compétition est intense pour attirer certaines activités en lien avec l’émission du véhicule ETF lui-même.
L’Irlande, domicile de prédilection des ETF
Cette concurrence est particulièrement visible en matière de la domiciliation juridique des fonds cotés, avec deux protagonistes majeurs : le Luxembourg et l’Irlande. Sur l’ensemble des fonds Ucits, cotés ou non, le premier – centre majeur historique pour les fonds actifs dès lors qu’ils sont distribués de manière...