Expertise/Epargne salariale

Lazard Frères Gestion – Trouver des solutions de gestion face à l’inflation et ses risques

Publié le 31 mars 2023 à 10h30

Ingrid Labuzan    Temps de lecture 7 minutes

Ces deux dernières années, l’environnement de marché a été complètement bouleversé par le retour de l’inflation et les hausses de taux des banques centrales. Des conditions qui doivent être prises en compte dans les choix d’allocation et de gestion de l’épargne salariale, sous peine de perdre une partie des bénéfices de tels dispositifs.

« Nous assistons à un changement de marché profond et durable, car nous faisons face à une véritable évolution structurelle qui va s’inscrire dans le temps. En effet, il y a deux ans, les taux directeurs étaient proches de zéro et l’inflation inexistante, or on ne devrait pas retrouver de telles conditions dans un avenir proche », annonce Santillane Coquebert de Neuville, associée-gérante de Lazard Frères Gestion. Si la société de gestion considère que le pic est passé, son scénario n’est pas pour autant celui d’un reflux significatif de l’inflation, ce que semblent d’ailleurs confirmer les chiffres : l’inflation sous-jacente a atteint récemment 5,6 % en zone euro et 4,7 % aux Etats-Unis. Des niveaux soutenus par une convergence de facteurs divers, en premier lieu les tensions sur le marché du travail. Des deux côtés de l’Atlantique, le taux de chômage est historiquement bas. « Aux Etats-Unis, 517 000 nouveaux emplois ont été créés en janvier et les salaires augmentent aussi. Avec un chômage tombé à 3,4 %, une détente du marché du travail nous semble indispensable pour faire refluer l’inflation. »

Une inflation durable

A lui seul, l’emploi ne causerait sans doute pas une inflation si forte, mais ce premier levier se conjugue avec le fait que les agents économiques, y compris les particuliers, disposent encore de suffisamment de réserves financières pour continuer à consommer. Une des nombreuses conséquences de la généreuse politique des banques centrales, dont l’abondance de liquidités déversées sur les marchés au cours des dernières années n’a pas encore été absorbée. Consommatrice, la Chine l’est également, en particulier depuis qu’elle se rouvre sur le monde après sa stricte politique zéro-Covid. De quoi contribuer à tirer les prix à l’échelle mondiale. Enfin, dernier facteur, mais non des moindres, la transition écologique des entreprises. La transition induit des coûts pour ces dernières, qui se répercutent ensuite sur les prix, or cette transformation se joue sur le temps long.

Face à l’inflation, les banques centrales tiennent leur rôle et maintiennent leur objectif cible de 2 %. « Cette volonté, tant américaine qu’européenne, de contenir l’inflation nous a conduits à revoir notre scénario économique, annonce Santillane Coquebert de Neuville. Notre conviction est en effet que les banques centrales sont prêtes à poursuivre leurs hausses de taux, quitte à provoquer une récession. » La société de gestion anticipe ainsi la survenue d’une récession fin 2023 ou début 2024, sauf changement majeur dans le contexte international d’ici là.

Une gestion adaptée à la remontée des taux

« La saison du versement de la participation et de l’intéressement débute et il est important de faire des bons choix de placement, adaptés au contexte économique », poursuit la représentante de la maison Lazard Frères Gestion. Avant de réfléchir à une allocation en termes de classes d’actifs, la première étape est de déterminer l’horizon de placement et le profil de risque de l’épargnant. En effet, sur le temps long, l’environnement actuel ne pèse pas beaucoup sur les décisions. Les marchés actions demeurent les plus performants à long terme, même si certaines années, comme 2022, font figure « d’annus horribilis ». Ainsi, la performance annualisée du MSCI World sur dix ans en euros, dividendes réinvestis, était de + 11,5 % au 3 mars 2023. « Ce chiffre prouve qu’il faut éviter la tentation des fonds monétaires, qui devraient offrir sur un an un rendement de 2,5 % à 3 %. Mais avec une inflation à plus de 6 %, ils font perdre de l’argent. L’année écoulée nous rappelle aussi qu’un placement considéré comme prudent n’est pas pour autant sans risque. » Pour s’en convaincre, il suffit de regarder les performances de l’indice des obligations corporate investment grade, qui a abandonné 14 % l’année dernière. « La hausse des taux fait mécaniquement baisser la valorisation des obligations et le segment obligataire a plus reculé que l’Euro Stoxx 50. » Un constat qui pousse à repenser les allocations de l’épargne salariale.

« Il existe néanmoins des solutions adaptées à chaque profil d’épargnant : celui qui prévoit de prendre sa retraite dans 20 ans ou dans 5 ans, comme celui qui prépare un déblocage anticipé pour l’achat de sa résidence principale », tempère Santillane Coquebert de Neuville. La gestion diversifiée flexible permet ainsi de bénéficier d’un large spectre de sources de performance, quelles que soient les configurations de marché. Aujourd’hui, la gestion diversifiée flexible de Lazard Frères Gestion, en fonction des profils de risque des fonds, se concentre principalement sur l’obligataire et trouve du rendement grâce à des mécanismes de positionnement en sensibilité négative, afin de compenser les effets des hausses de taux et d’en tirer même de la performance. « La gestion seule ne fait pas tout, il faut également que l’épargnant prenne des décisions bénéfiques pour son épargne. La première d’entre elles est d’opter pour des versements programmés plutôt qu’annuels. Cela permet de lisser les aléas du marché. » D’ailleurs, cela s’est encore vérifié en 2022. Un placement constitué d’un versement mensuel de 100 € sur l’Euro Stoxx 50 aurait enregistré une performance annuelle de +0,6 %, tandis que l’intégralité de la somme placée au 1er janvier aurait entraîné une perte de 12 %. Le versement programmé permet donc de lisser les points d’entrée et d’absorber les éventuels chocs conjoncturels des marchés. 

Santillane Coquebert de Neuville, associée gérante de Lazard Frères Gestion

Santillane Coquebert de Neuville a rejoint Lazard Frères Gestion en 2014 en tant que responsable commerciale au sein du pôle institutionnel. Elle a grandement contribué au succès de cette équipe ces huit dernières années. Elle est par ailleurs responsable du développement de l’expertise de Lazard dédiée à l’épargne salariale et retraite et vient d’être nommée associée-gérante de Lazard Frères Gestion en 2023. Elle est diplômée de l’ESCP Europe.

Peut-on vraiment protéger son épargne lorsque toutes les classes d’actifs souffrent, comme en 2022 ?

Tout à fait, à condition de faire le choix de gestion adéquat. La gestion diversifiée flexible, par exemple, peut protéger le patrimoine en période de baisse des marchés et ensuite capter la performance dans les hausses. C’est ce que nous avons observé sur nos fonds diversifiés flexibles en 2022. Outre la nature flexible et diversifiée du fonds, cela tient au fait que nous avons anticipé, dès le début 2022, que les banques centrales allaient fortement remonter leurs taux. Ces fonds ont donc pris des positions en sensibilité négative sur l’obligataire pour ne pas souffrir de la baisse de la valorisation des obligations et tirer profit de taux haussiers. Notre fonds Lazard Patrimoine SRI, au profil prudent et dont la poche actions varie de 0 à 40 %, a ainsi affiché + 0,9 % en 2022 (part PC), tandis que son indice de référence perdait plus de 16 %. Ce choix de gestion s’est avéré tout aussi efficace sur notre fonds diversifié flexible équilibré, Lazard Patrimoine Opportunities SRI, qui a gagné + 2,2 % quand son indice perdait près de 15 %.

Peut-on obtenir ce même effet de protection sur un fonds qui n’est pas diversifié ?

Tout à fait, l’essentiel est la flexibilité et les choix de gestion, y compris au sein d’une même classe d’actifs, comme le prouve le parcours de notre fonds obligataire flexible Lazard Credit Opportunities, investi sur divers segments du marché obligataire. Fidèles à notre scénario économique, nous avons positionné ce fonds en sensibilité négative. Il a enregistré une performance de + 5,44 % en 2022, alors qu’aucun segment de l’obligataire n’a terminé dans le vert cette année-là. Souvenez-vous, les dettes souveraines ont perdu plus de 18 % et la dette investment grade en euros près de 14 %. L’obligataire, considéré comme prudent, a plus chuté que les actions. Voici pourquoi il est important de sélectionner des solutions d’investissement qui, outre la performance dans les phases de hausse, protège l’épargne lorsque les marchés sont plus volatils.

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