Les débats de l'Af2i

La transition, au cœur des travaux de l’association

Publié le 26 avril 2024 à 12h29

Arnaud Lefebvre    Temps de lecture 5 minutes

Confrontée à une série de défis en tout genre (défense, politique de libre-échange, souveraineté énergétique…), l’Europe est aujourd’hui dans une « position difficile », a d’emblée souligné Hubert Rodarie en ouverture de la troisième édition de l’événement Time to Change. Mais aux yeux du président de l’Association française des investisseurs institutionnels (Af2i), ces enjeux majeurs ne sauraient toutefois en masquer un autre, tout aussi impérieux en dépit de la vague de critiques dont il fait l’objet outre-Atlantique : celui de la nécessaire transition écologique.

Une nouvelle initiative de place autour de la biodiversité

Illustration de sa dimension centrale pour l’association de place, cette thématique demeure au cœur d’un grand nombre de ses travaux. C’est le cas tout particulièrement au sein de sa commission Investissement responsable, qui a récemment organisé divers ateliers autour, par exemple, des raisons d’investir sur les thématiques « forêt » et « agriculture », ainsi que de l’initiative Science Based Targets (SBT). « L’Af2i lance également une nouvelle initiative sur la biodiversité », a par ailleurs informé Joël Prohin, président de cette instance. S’inspirant des fonds « Objectif Climat », « qui ont connu un grand succès » selon ce dernier, l’ambition consiste à positionner les investisseurs institutionnels français à l’avant-garde en matière d’intégration de la biodiversité dans la gestion financière. Les deux focales définies portent sur « le financement des solutions biodiversité, d’une part, et les sociétés de petites et moyennes capitalisations, d’autre part », précise Joël Prohin.

De son côté, Jean-Bernard Ott a présenté la « saison 2 » du « Questionnaire ESG ». Unifié et multiclasses d’actifs, ce support a pour objectif principal de faire gagner du temps aux institutionnels comme aux sociétés de gestion, « afin d’encourager l’action et les échanges », a rappelé le membre de la commission Investissement responsable. Certaines thématiques ont été approfondies par rapport à la précédente version, comme la biodiversité, le social, l’engagement et les armes controversées. L’articulation entre le « Questionnaire Société de gestion » et le « Questionnaire fonds » sera également améliorée, notamment sur le sujet des exclusions, a prévenu Jean-Bernard Ott.

L’énergie au centre des travaux de recherche

Tandis qu’une énergie décarbonée – ou moins carbonée – et peu chère est « la clé d’une transition juste réussie », d’après Hubert Rodarie, la commission Recherche de l’Af2i présidée par Jean-François Boulier a choisi de mettre en lumière trois études de chercheurs abordant ce thème, qu’elle a primées l’an dernier. La première, d’Alicia Bassière, doctorante au CREST, traite des mécanismes de marché et des dynamiques d’industrie pour la transition énergétique. Coréalisée par Arthur Stalla-Bourdillon, économiste-chercheur à la Banque de France, la deuxième vise à identifier les chocs fondamentaux sur le marché du gaz et démontre l’importance des « chocs de précaution » – parallèlement aux chocs d’offre et de demandes agrégées – dans l’évolution récente des prix de cette énergie. Quant aux auteurs de la troisième étude, ils se sont intéressés à l’intérêt croissant des investisseurs particuliers pour les actions d’entreprises vertes ou responsables depuis le début de la crise sanitaire. Doctorant en finance à HEC Paris, Markus Bak-Hansen a ainsi expliqué que, parmi les dix actions les plus plébiscitées par ce profil d’investisseurs aux Etats-Unis, trois entrent dans cette catégorie (les constructeurs automobiles Tesla et NIO et le spécialiste des piles à combustible à hydrogène Plug Power). Un attrait qui découle d’une volonté de leur part de soutenir des entreprises durables et de diversifier leurs portefeuilles d’actifs, mais aussi d’une conviction que les cours de ces sociétés vont surperformer. Leur préférence pour des produits à fort levier (options, futures…) tend d’ailleurs à confirmer le caractère spéculatif d’une grande partie de ces placements. Concluant cette session d’exposés, Christian Walter, conseiller scientifique de l’Af2i, a pour sa part lancé un appel à candidatures en vue d’intégrer le chantier de réflexion et d’observation sur les normes systémiques. Dite « réseau Chronos », cette instance s’intéresse actuellement à l’articulation, dans ce domaine, entre les dimensions écologique, sociale et cognitive.

L’enjeu clé de la formation

Afin de clore ces Débats de l’Af2i, Philippe Dutertre a, sous sa casquette de président de la commission Formation, annoncé le lancement d’une enquête relative aux pratiques et attentes des adhérents de l’association en termes de formation et d’emploi. Avant lui, Valérie Stotzenbach et Eric Dubos, coprésidents de la commission Risques et Produits d’investissement, étaient revenus sur les travaux d’un de leurs groupes de travail. Ceux-ci ont porté sur la récente réforme du droit des faillites en France et ses implications sur le traitement des titres de créance en cas de procédures amiables ou collectives. « L’objectif consistait à identifier les leviers d’action des créanciers dans ce nouveau cadre », a indiqué Valérie Stotzenbach. « Il importe vraiment de solidifier le statut de ces derniers », a abondé Eric Dubos, alors que la tendance va au déséquilibre du rapport de force entre les banques et les prêteurs non bancaires. Un document détaillé sera mis à la disposition des membres de l’association dans le courant du deuxième trimestre. 

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