Alors que les entreprises françaises affichaient déjà avant la crise un niveau d’endettement parmi les plus élevés d’Europe, beaucoup d’entre elles se retrouvent aujourd’hui dans une situation financière les empêchant de lever des liquidités additionnelles sous la forme de crédits classiques. De quoi en conduire certaines à se tourner vers d’autres sources de financement.
Soutenue par la mise en place des prêts garantis par l’Etat (PGE) dès la fin mars, la production de crédits bancaires aux entreprises aura connu, cette année, une croissance record en France. Entre janvier et octobre, cette catégorie d’encours a en effet bondi de près de 12 %, pour atteindre un montant historique à 1 187,3 milliards d’euros. Dirigeants et responsables financiers d’entreprises sont, il est vrai, quasi unanimes pour saluer la détermination de leurs banques à les accompagner durant la crise… du moins durant les premiers mois de celle-ci. Car depuis la rentrée, les premiers signes de tension ont commencé à se manifester. «Sur le compartiment des crédits syndiqués, nous observons depuis la fin du troisième trimestre un rehaussement des marges appliquées aux ETI et grands groupes, ainsi qu’une diminution des durées d’emprunt proposées», illustre Philippe Berneur, vice-président de la commission financement de l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE). S’agissant de la clientèle d’entreprises gérées au niveau des réseaux, plusieurs professionnels du chiffre font état d’une plus grande prudence des banquiers qui, dans les dossiers relatifs à des demandes de prêts, se matérialise notamment par une augmentation des taux de refus.
Ce tour de vis ne surprend guère les spécialistes en financement. «Dès le premier confinement, un grand nombre d’entreprises se sont massivement endettées pour faire face à leurs diverses charges, rappelle Paul Guerrier,...