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Risque de change : les trésoriers en pleine interrogation

Publié le 11 décembre 2020 à 16h01

Anaïs Trebaul

Dans un contexte d’incertitude économique et sanitaire, les entreprises doivent, comme chaque année, préparer leur cours budget pour l’exercice à venir et se couvrir contre les variations de change. Si la faible volatilité du dollar vis-à-vis de l’euro facilite ce travail cette année, les trésoriers pourraient avoir des difficultés à prévoir le flux de devises qui devront être couvertes.

Après deux années d’appréciation quasi continue du dollar vis-à-vis de l’euro, la devise américaine s’est dépréciée cette année. Alors qu’il variait entre 1,11 et 1,12 dollar en début d’année, le taux de change euro-dollar a oscillé entre 1,17 et 1,19 dollar d’août à novembre, pour atteindre 1,21 dollar début décembre. Ce changement de courbe aurait pu déstabiliser les entreprises, qui sont pour la plupart en pleine préparation de leur budget 2021. Celles-ci sont en effet nombreuses à être fortement exposées à un risque de change du billet vert. «75 % de nos flux sont en devises étrangères, dont 60 % en dollars», précise Christophe Clerc, directeur financier de l’équipementier automobile Delfingen. Même constat au sein du groupe Bel. «Nous possédons des marques internationales avec des usines dans plusieurs pays, indique Benoît Rousseau, directeur de la trésorerie et assurances du groupe Bel. Nous avons donc un gros risque de change transactionnel, sur nos flux entre filiales et sur nos contrats avec nos clients et fournisseurs étrangers. Nous l’estimons à 700 millions d’euros.»

De faibles variations de cours

Mais, pour l’instant, ces entreprises ne se montrent pas particulièrement inquiètes. «Le cours euro-dollar est relativement stable cette année, puisqu’il évolue dans une fourchette assez serrée, relativise Florence Saliba, présidente de l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE). Par le passé, il a été plus fluctuant. En février 2018, il a atteint un pic à 1,25 dollar, alors qu’il était...

Toutefois, cet instrument est jugé trop complexe par plusieurs sociétés. Un avis partagé par le directeur financier de Delfingen : En outre, le coût des contrats à terme est plus intéressant. Pour acquérir une option, il faut payer une prime, à la différence de ces derniers. Or, pour bénéficier d’un cours à terme attrayant avec une option, il faut s’acquitter d’une prime généralement élevée. Dans ce contexte, la plupart des entreprises préfèrent ne pas changer de stratégie de couverture. «Nous conservons notre stratégie de couverture depuis plusieurs années : nous couvrons 100 % de notre BFR en devises étrangères (du moins celles pour lesquelles il existe des couvertures) par le biais de contrats à terme, précise Priscilia Bouton. Nous avons simplement allongé notre couverture sur le dollar, de un à deux mois en 2020, à un à trois mois en 2021, du fait de la relative stabilité de la devise vis-à-vis de l’euro.» Même constat chez Bel, qui se couvre pourtant à beaucoup plus long terme que Sanofi. Les entreprises misent ainsi sur leurs prévisions d’activité et d’évolution du dollar. Espérons donc que la crise sanitaire actuelle n’ait pas de nouveaux effets inattendus sur la sphère économique et que le billet vert ne subisse pas de pression à la hausse ou à la baisse dans les mois à venir.

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