Alors que nombre d’économistes s’attendaient à un véritable trou d’air, économique et financier, après l’annonce début avril d’une hausse des droits de douane par Donald Trump, les marchés européens et notamment français affichent un bilan positif pour 2025. Le marché obligataire primaire a même enregistré une progression exceptionnelle, avec une hausse de 40 % des émissions émanant des entreprises françaises, celles-ci préférant avoir recours à un financement de marchés plutôt qu’aux crédits syndiqués, en net recul, à rebours de la tendance européenne. Le M&A a connu un début d’année difficile, mais un second semestre beaucoup plus encourageant, qui lui permet de terminer sur un cru 2025 en progression, même en comptant à part l’offre Orange-Iliad-Bouygues sur SFR, mise en suspens. Quant au marché actions, s’il a été très pauvre en introductions en Bourse, il a été animé par les échanges de blocs et les émissions d’obligations convertibles en actions, en forte hausse.
- Obligataire : les émetteurs corporate français proches du record de 2020
- Crédits syndiqués: des conditions toujours plus favorables aux emprunteurs
- Le marché des fusions-acquisitions reprend quelques couleurs en fin d’année
- Actions : un rebond au second semestre, grâce aux placements de blocs d’actions et aux obligations convertibles
Obligataire : les émetteurs corporate français proches du record de 2020
Les émissions obligataires émanant des entreprises françaises ont augmenté de 40 % en 2025, à 104 milliards d’euros, très près du record de 2020 (106,5 milliards). Une progression supérieure à la moyenne du marché euro (+ 23 %), pourtant soutenue par l’arrivée en force des grandes signatures de la tech américaine.
Qui l’eût cru au moment où Donald Trump a annoncé, début avril, la forte hausse des droits de douane américains ? L’année 2025 a été exceptionnelle pour le marché obligataire euro. Après un premier semestre hésitant, marqué par une grande volatilité des marchés liée aux annonces américaines, les émissions d’obligations se sont multipliées, accélérant même en fin d’année, avec un mois de novembre record, alors que les entreprises ont d’ordinaire quasiment bouclé leurs financements à cette période.
Sur l’ensemble de l’année 2025, les corporates (hors financières), toutes origines géographiques confondues ont émis pour 562 milliards en euros, soit 23 % de plus qu’en 2024, et un record absolu, selon les données compilées par Société Générale. En effet, en 2020, alors que les entreprises avaient emprunté massivement pour faire face à la crise sanitaire, le montant global des émissions n’avait été « que » de 508 milliards. La plus forte progression concerne les émissions non investment grade (high yield, principalement), en hausse de 33 % à 109 milliards d’euros. La catégorie investment grade (IG) a compté, elle, pour 447 milliards, avec une augmentation des volumes de 19 %.