Parole d'expert Vontobel

« De nombreuses compagnies chinoises au ROIC élevé sont sous-évaluées »

Publié le 16 juin 2022 à 18h36

Vontobel    Temps de lecture 4 minutes

Le marché chinois n’avait pas connu de baisse aussi prononcée depuis la grande crise financière. Cela signifie-t-il pour autant qu’il faille s’en éloigner durablement ? Pour les experts du gestionnaire suisse Vontobel Roger Merz, head of mtx portfolio management, et Thomas Schaffner, portfolio manager, le contexte ne fait que confirmer l’importance de faire reposer une stratégie d’investissement en Chine sur des critères de sélection très précis, et de ne pas y déroger. 

Malgré les difficultés que la Chine rencontre, certains secteurs parviennent-ils à tirer parti de l’environnement économique actuel ? 

Il est vrai que la Chine vient de traverser une période très difficile, toutefois certains titres sont en train de reprendre pied. Nous observons que plusieurs secteurs, comme les produits alimentaires et le commerce de première nécessité, les équipements électriques et automobiles, commencent à afficher des rendements positifs. Nous pensons d’ailleurs que la Chine pourrait tout à fait réaliser une reprise forte et rapide, si elle parvient à contenir l’épidémie de covid et à se rouvrir sur l’extérieur, car elle demeure la deuxième plus importante économie au monde. 

Comment profiter de cette reprise ? Faut-il privilégier les grandes compagnies chinoises ou des acteurs de plus petite taille ?

Nous sommes des investisseurs spécialisés dans la sélection de titres, le stock-picking, et nous privilégions les leaders de marché. Nous sélectionnons les entreprises qui disposent d’un potentiel de croissance élevé. En effet, les sociétés qui génèrent des revenus solides ont les moyens de réinvestir leurs capitaux afin de nourrir cette croissance. C’est ce que l’on nomme les retours sur capitaux investis (ROIC, pour return on invested capital). A cela s’ajoute l’avantage compétitif que représente le fait d’être un leader de marché. Il est intéressant de voir que le ROIC, ce critère d’investissement que nous considérons comme essentiel, n’est que très peu regardé par le marché : des ROIC élevés ne se traduisent pas forcément dans les cours, ce qui crée des opportunités d’investissement. Outre le ROIC et le positionnement de marché, il faut également que la valeur de marché du titre soit inférieure à la valorisation intrinsèque de l’entreprise et que celle-ci soit conforme à nos standards ESG minimums. Ces quatre critères constituent notre matrice d’investissement. Nous étudions chaque entreprise en appliquant des filtres systématiques combinés à une analyse fondamentale.   

Sur quels titres avez-vous récemment investi ?

Nous basons donc notre approche d’investissement sur un ROIC élevé et une position de leader de marché, si possible combinés à une faible valorisation. Nous sommes attentifs à préserver la diversification sectorielle au sein de notre portefeuille. Cela nous a par exemple conduits à investir sur des entreprises aussi variées que Inner Mongolia Yili, un producteur de produits laitiers, ou China Merchant Bank, une bancaire à la valorisation attractive. Dans des secteurs totalement différents, nous avons également Wuxi Lead, une entreprise qui produit des composants pour les batteries à lithium, ou NARI Technology, qui fabrique du matériel et des logiciels pour les réseaux électriques.    

Comment appliquez-vous votre approche ESG sur le marché chinois ?

Nous n’adoptons pas une approche dite « best-in-class », qui viendrait définir notre univers d’investissement. Notre objectif est d’écarter les entreprises les plus exposées à un risque ESG. La recherche quantitative a démontré qu’une exclusion de ces acteurs était une approche ESG très efficace tant pour le marché chinois que pour une stratégie reposant sur le ROIC. 

Concrètement, l’ESG vient donc renforcer notre analyse fondamentale et se base sur une étude des facteurs qui pourraient avoir des répercussions négatives sur une entreprise. Nous menons des recherches poussées pour déterminer l’exposition des sociétés à des problématiques concrètes, telles que le recours au travail forcé à une étape de la supply chain, des irrégularités en matière de comptabilité ou de conformité… Autant de cas sur lesquels nous avons récemment travaillé ! Pour appréhender ces questions complexes, nous établissons un dialogue avec l’entreprise, mais aussi avec des parties prenantes externes, comme des experts en comptabilité ou des analystes qui suivent de près l’entreprise en question. Nous sommes convaincus que l’ESG est indispensable dans une stratégie de gestion du risque et contribue à améliorer les performances d’un portefeuille.

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