Les obligations émergentes ne forment pas un bloc homogène. Chaque segment répond à des logiques de risque, de rendement et de valorisation bien différentes.
En Europe, les fonds spécialisés sur la dette émergente et investis en devises fortes dominent les encours sous gestion. « La plus grande famille de fonds Ucits de dettes émergentes concerne la dette souveraine en devises fortes, qui atteint 150 milliards d’euros d’encours sous gestion à fin octobre ; elle est suivie par les fonds spécialisés sur la dette souveraine en monnaies locales avec 65 milliards d’euros, puis enfin la dette corporate avec 33 milliards d’euros », détaille Mara Dobrescu, responsable de la recherche sur les fonds obligataires chez Morningstar.
Le fonctionnement et les attentes à l’égard de ces différentes catégories varient. Ainsi, la dette souveraine émergente en dollars s’inscrit-elle avant tout dans une logique de crédit. A contrario, la dette émergente en devise locale doit quant à elle s’apprécier à partir de la devise et du niveau des taux d’intérêt locaux. Pour le souverain, le principal risque n’est pas le défaut – souvent faible lorsque la dette est libellée dans la monnaie du pays – mais la volatilité du taux de change.
«Le segment concurrent de la dette émergente d’entreprise en dollars, ce n’est pas vraiment la dette en monnaie locale mais plutôt le crédit américain.»
En ce qui concerne la dette corporate, qui peut être émise en devises locales ou en devises fortes (principalement en dollars), les spreads doivent aussi être pris en compte. Ces derniers se situent à des niveaux historiquement bas, limitant le potentiel de compression supplémentaire. « Les spreads n’ont probablement plus été aussi serrés depuis une dizaine d’années, hors période Covid », observe Thierry Larose, gérant de...