Parole d’expert DNB Asset Management

« Faire émerger des solutions bleues grâce à la finance »

Publié le 24 juin 2022 à 11h29

DNB Asset Management    Temps de lecture 4 minutes

L’océan n’attire encore que 3 % des capitaux mondiaux. Isabelle Julliard-Thompsen, cogérante du fonds Future Waves du norvégien DNB Asset Management, estime d’ailleurs que la « bluetech » est aujourd’hui ce que la cleantech était il y a 20 ans. Un secteur prometteur et pourvoyeur de solutions d’avenir.

L’océan est au programme de plusieurs sommets internationaux cette année. Pensez-vous que cela va avoir des conséquences concrètes ?

L’année 2022 peut être celle d’un tournant véritable. L’océan demeure l’ODD de l’ONU le moins investi et plusieurs rendez-vous majeurs pourraient entraîner des actions concrètes. La COP 26 de Glasgow a intégré l’océan au sein des travaux sur le climat, c’est un progrès. La Cop 15 de Kunming, sur la biodiversité, devrait permettre la protection de 30 % de zones sur Terre, en grande partie océaniques. Fin juin, le UN Ocean Summit doit promouvoir des solutions innovantes pour la conservation et l’utilisation durable des ressources océaniques. Enfin, nous sommes entrés, en 2021, dans la décennie des océans décrétée par l’ONU : cela donne l’espoir que la réglementation et les investissements structurent la protection de l’océan et préservent son formidable potentiel écologique et économique.

Quel est ce potentiel que vous évoquez ?

L’océan est une ressource indispensable, car il produit 50 % de l’oxygène que nous respirons et absorbe 95 % de l’excès de chaleur résultant de l’activité humaine. Il constitue une ressource économique centrale, en fournissant de 10 % à 12 % des emplois directs et indirects du monde. La vie qu’il abrite procure un apport nutritionnel majeur en protéines, sans compter de multiples applications médicales et cosmétiques. Près de 22 000 molécules présentes dans les océans sont ainsi à l’étude dans des biotechs. Sans oublier que l’océan constitue aussi une formidable source d’énergie renouvelable. Le PIB représenté par l’économie bleue est estimé à 1 500 milliards de dollars, l’équivalent de la 7e puissance économique mondiale. D’après l’OCDE, cette économie bleue devrait croître deux fois plus vite que l’économie mondiale d’ici 2030. A condition toutefois, et c’est bien un enjeu majeur, de préserver tout le potentiel de l’océan.

Quelle peut-être le rôle de la finance dans cette économie bleue ?

La finance doit fournir des capitaux aux entreprises qui travaillent sur des solutions innovantes autour de l’océan. Et cela se traduit par de très nombreuses opportunités d’investissement. Bien sûr, on pense au secteur de l’énergie, ou encore à celui de la décarbonation du secteur du shipping, qui va faire l’objet d’une réglementation. Mais cela va bien plus loin. Il faut encourager le fonctionnement d’une économie circulaire, par exemple autour d’une aquaculture durable. Il faut également envisager la protection des océans très en amont, et c’est ce que font certaines entreprises innovantes notamment dans le domaine du traitement de l’eau dans des secteurs très polluants, comme le textile. Le suédois Renewcell propose ainsi des solutions de recyclage spécifiques, tandis que l’israélien Kornit y fait de l’impression 3D, ce qui limite la consommation d’eau.

Investir sur l’économie bleue, c’est donc adopter un fort biais innovation ?

Notre fonds DNB Future Waves dispose en effet d’un biais croissance, car il investit dans de nombreuses entreprises innovantes. Néanmoins, il dispose d’une surpondération sur l’industrie et les matériaux, qui lui procurent aussi un profil cyclique. Il existe en effet de très grandes entreprises sur ce segment, notamment en matière de traitement des eaux usées, comme par exemple Evoqua Water Technologies. Cela permet aussi une diversification géographique intéressante, puisqu’un tiers de nos positions sont aux Etats-Unis, entre 40 % et 50 % en Europe et le reste sur le monde.

Comment s’assurer de participer à une exploitation durable de l’océan ?

Nous nous appuyons bien sûr sur des KPI, comme les émissions évitées, et travaillons à de nouvelles mesures, comme les mètres cubes recyclés ou des KPI sociaux. Nous sommes très attentifs au risque de controverse et avons une équipe de six personnes en interne qui travaille sur les critères ESG. L’océan est au cœur de l’ADN norvégien et notre maison mère DNB ASA est positionnée sur l’économie bleue depuis des décennies. Nous investissons avec pour objectif de contribuer à des solutions nouvelles. 

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