Entre des taux longs sous pression et des niveaux de valorisation élevés sur le crédit, l’environnement de marché est complexe et évolue rapidement. De quelle manière faut-il investir sur les marchés obligataires pour concilier recherche de rendement et maîtrise du risque ? Eléments de réponse avec Emmanuel Petit, associé-gérant, responsable de la gestion obligataire chez Rothschild & Co Asset Management.
Quelle est votre appréciation des taux des deux côtés de l’Atlantique ?
Aux Etats-Unis, de nombreux repères ont bougé dans une économie bouleversée par la nouvelle administration Trump, d’où un manque de visibilité. De notre point de vue, il existe un réel risque de déception sur la politique monétaire. Les marchés anticipent encore quatre baisses de taux d’ici à l’an prochain, ce qui nous semble un peu trop généreux. De fait, l’inflation est toujours élevée et semble prendre une direction haussière avec la mise en place des droits de douane. En parallèle, le marché de l’emploi se détériore, même si le taux de chômage reste à un niveau bas (4,3 %1). La Fed, qui doit gérer de front ces deux indicateurs, se retrouve donc face à un dilemme.
En Europe, la visibilité est meilleure. La croissance est certes molle mais elle va de pair avec une stabilité des pressions sur l’inflation, qui devrait de ce fait évoluer autour de l’objectif cible de 2 %. Le cycle de baisse des taux touche donc à sa fin. Cette situation est confortable pour les investisseurs en ce qui concerne la partie courte et intermédiaire de la courbe.
Les taux longs restent de leur côté sous pression du fait des enjeux en termes de financement des Etats à l’échelle mondiale. En France, le déficit public est loin d’être sous contrôle ; en Allemagne, la hausse des dépenses dans les domaines de la défense et des infrastructures pourrait faire grimper le poids de la dette publique à 80 % du PIB ; et 30 % de la dette publique américaine doivent être refinancés dans les 12 mois à venir. Les primes de risque actuellement exigées traduisent le manque de confiance des investisseurs dans la trajectoire des finances publiques. Ces primes s’expliquent également par un phénomène structurel de baisse des liquidités disponibles. De fait, les banques centrales, qui sont des acheteurs « mécaniques » d’obligations, insensibles à leurs prix, se désengagent et le vieillissement démographique est consommateur d’épargne (pour financer les systèmes de retraite, les frais de santé). Sur la partie longue de la courbe, on assiste donc à une fragilisation du marché, qui pourrait être plus volatil que par le passé.
Comment le crédit se comporte-t-il ?
Le crédit se renchérit par rapport aux taux. Compte tenu de la divergence entre les fondamentaux des pays et ceux des entreprises – ces derniers étant globalement sains en Europe comme aux Etats-Unis, aussi bien pour les émetteurs notés investment grade2 que pour ceux notés high yield3 –, les investisseurs tendent à privilégier le crédit plutôt que la dette souveraine sur les durations longues.
Malgré des niveaux de valorisation historiquement élevés, on observe actuellement une certaine euphorie de la part des investisseurs autour du crédit. En témoigne notamment le dynamisme du marché primaire, avec des émissions sursouscrites à hauteur de trois ou quatre fois. Cet intérêt pour la classe d’actifs s’explique en grande partie par les rendements, qui restent très attrayants : 3 % pour le segment investment grade et 4,5 % pour le high yield hors notations CCC4. Ce portage constitue un coussin pour amortir le risque de défaut potentiel ainsi que la volatilité des taux (la volatilité des spreads étant inférieure à la moitié de celle des taux).
Quel type d’approche préconisez-vous dans un tel environnement de marché ?
Les stratégies de performance absolue gérées de manière flexible et opportuniste, à l’image de notre fonds R-co Valor Bond Opportunities*, nous semblent adaptées.
Ce dernier, dont l’univers d’investissement est large (obligations souveraines et d’entreprises, courbes de taux à l’échelle mondiale, etc.), combine des stratégies de portage dont l’objectif est d’assurer une génération régulière de rendement tout en couvrant une partie des risques et des stratégies de valeur relative non directionnelles pour tirer parti des anomalies de marché (inefficiences entre segments de marchés, zones géographiques, maturités, etc.).
Nous raisonnons en termes de coûts d’opportunités. Nous nous basons sur les différentiels de spreads pour juger s’il est nécessaire ou non de prendre davantage de risque. Il s’agit en fait de trouver le bon compromis qui permet de générer du rendement tout en ayant une exposition prudente dans une optique de maîtrise du risque (afin de respecter les contraintes en termes de volatilité et de limiter les drawdowns5).
1. Source : US Bureau of Labor Statistics, 30/09/2025.
2. Titre de créance émis par des entreprises ou Etats dont la notation est comprise entre AAA et BBB- selon l’échelle de Standard & Poor’s.
3. Les obligations « High Yield » (ou à haut rendement) sont émises par des entreprises ou Etats présentant un risque crédit élevé. Leur notation financière est inférieure à BBB- selon l’échelle de Standard & Poor’s.
4. Source : Bloomberg, 30/09/2025.
5. Ecart entre le pic et le point bas du prix d’un actif ou d’un fonds sur une période donnée.
* Risque SRI 2/7. Nous avons classé ce produit dans la classe de risque 2 sur 7, qui est une classe de risque basse et reflète principalement une politique de gestion discrétionnaire exposant le portefeuille de manière diversifiée à moyen terme aux marchés des taux. Autrement dit, les pertes potentielles liées aux futurs résultats du produit se situent à un niveau faible et, si la situation venait à se détériorer sur les marchés, il est très peu probable que notre capacité à vous payer en soit affectée. L’indicateur de risque part de l’hypothèse que vous conservez le produit pendant trois ans ; dans le cas contraire, le risque réel peut être très différent, et vous pourriez obtenir moins en retour.
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