Un marché arrivé à maturité
Autrefois perçue comme un pari exotique, la dette d’entreprises des marchés émergents en devise forte est devenue une classe d’actifs mondiale et structurée. Avec un encours supérieur à 2 500 milliards de dollars, elle dépasse désormais le marché high yield américain, estimé à environ 1 300 milliards.
Cette profondeur s’accompagne d’une diversification inédite : plus de 50 pays représentés dans le CEMBI, l’indice de référence, et des secteurs variés – énergie, finance, infrastructures – dominés par des entreprises souvent exportatrices, dont les revenus en dollars limitent le risque de change. L’accès croissant aux marchés locaux et internationaux renforce la résilience du segment face aux chocs de liquidité.
Des fondamentaux renforcés et un contexte porteur
Les entreprises émergentes évoluent dans un environnement macroéconomique en amélioration depuis plusieurs années, à la différence de nombreux pays développés. Selon le FMI, l’Amérique latine a présenté un déficit primaire combiné limité à 0,1 % en 2024 et un taux d’endettement public ramené à 69,5 % du PIB, contre près de 76 % en 2020. Côté politique monétaire, la plupart des banques centrales émergentes ont maintenu une approche orthodoxe face à la hausse des taux américains : les taux réels demeurent positifs, autour de 5 % au Mexique et près de 10 % au Brésil début 2025.
Du côté des entreprises, les leviers d’endettement restent modérés, à 2,7 fois l’Ebitda selon JPMorgan (septembre 2025), contre 3,6x pour les entreprises américaines et 4,9x pour les européennes. Le taux de défaut dans l’univers high yield émergent est resté inférieur à sa moyenne historique : 1,5 % sur les neuf premiers mois de 2025 sur le CEMBI BD High Yield.
Depuis le début de l’année, le CEMBI BD enregistre d’ailleurs une performance totale de 7,3 % en dollars, grâce à un portage élevé, un environnement de taux favorable et une légère compression des primes de risque, reflétant la solidité des bilans d’entreprises.
Malgré cette amélioration, la dette corporate émergente high yield conserve un surplus de rendement d’environ 50 points de base par rapport au high yield américain. La dispersion du marché reste importante, créant un terrain propice à la gestion active, qui permet d’offrir un rendement encore plus important et potentiellement de générer de l’alpha dans un univers encore marqué par des inefficiences structurelles.
Des risques identifiés mais contenus
Le principal risque pour le marché reste celui d’un repricing des primes de risque en cas de ralentissement marqué de l’économie américaine ou de choc macroéconomique global. Les marchés émergents seraient alors exposés à une pression dans la lignée du high yield américain. Deux éléments limitent toutefois la portée d’un tel ajustement : (1) les fondamentaux demeurent solides, suggérant un impact avant tout mark-to-market ; (2) un ralentissement économique pourrait s’accompagner d’un rally sur les taux américains, compensant partiellement la baisse des prix.
Une hausse prolongée des taux américains représenterait un autre risque, mais il serait davantage concentré sur la partie longue de la courbe, donc sur une portion restreinte d’un univers dont la durée moyenne reste courte.
Enfin, certaines économies émergentes peuvent aussi être confrontées à des risques politiques ou macroéconomiques spécifiques ; ces épisodes peuvent peser localement, mais offrent aussi des opportunités d’arbitrage dans une approche sélective et diversifiée.
Un rôle distinctif dans les portefeuilles européens
Pour les investisseurs européens, la dette corporate émergente en devise forte présente un rendement supérieur à celui des marchés développés, mais pour un profil de risque différent, davantage lié à des facteurs exogènes notamment à l’environnement macroéconomique local ou global qu’à la solidité financière des émetteurs sous-jacents.
Dans un contexte global marqué par la prudence, le niveau de portage toujours substantiel procuré par les coupons élevés offre un flux de revenu tangible, capable d’absorber au moins en partie les variations de taux ou de prime de risque sur le marché, sans prendre d’exposition au risque de change.
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