En 2025, plusieurs grandes entreprises se sont financées à un taux équivalent, voire inférieur, à celui de l’OAT français. Une inversion de la hiérarchie traditionnelle qui résulte à la fois d’une augmentation des besoins de financements publics et d’une solidité du crédit bien noté. Avec des volumes d’émissions attendus en hausse, les équilibres pourraient de nouveau basculer.
La dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024 aura eu un effet inattendu : en termes de qualité de crédit, la hiérarchie entre la dette de l’Etat français (OAT) et les obligations d’entreprises bien notées s’est inversée. Depuis quelques mois, un grand nombre de groupes français très bien notés parviennent en effet à se financer à un coût proche, voire inférieur, de celui de l’Etat français , bien que ce dernier soit considéré comme un actif sans risque. « Sur des maturités centrales comme le 10 ans, plusieurs émetteurs investment grade (IG) – des groupes du luxe, du pharmaceutique, des services aux collectivités locales – affichent des spreads égaux ou inférieurs à ceux de l’OAT », confirme Patrick Barbe, managing director chez Neuberger Berman Europe.
Les exemples sont nombreux. « Aujourd’hui, nous observons un écart moyen de 10 à 20 points de base (pb) entre les spreads d’entreprises comme Airbus, LVMH, Sanofi, Michelin, Schneider Electric ou TotalEnergies, et celui de l’OAT, détaille Vincent Marioni, directeur de la gestion crédit chez Allianz Global Investors. Ces entreprises se financent quasiment au même niveau que la France. Et il y a quelques mois, lorsque l’OAT a connu une forte volatilité, leurs spreads sont même passés en dessous de celui de la France : elles se finançaient alors moins cher que l’Etat. » Cette situation ne concerne d’ailleurs pas que les entreprises françaises. « Au 25 novembre, entre 2 % et 2,5 % de l’univers des obligations d’entreprises...