Banques centrales : le défi de la persistance
Si le pic d’inflation a été atteint en juin aux Etats-Unis et approche en zone euro, le débat porte aujourd’hui sur la vitesse à laquelle celle-ci pourrait baisser. Et selon les causes qu’on lui attribue, les conclusions s’avèrent bien différentes.
Pour ceux toujours convaincus que l’inflation n’était qu’un phénomène temporaire, la normalisation des chaînes de production et de distribution devrait à elle seule permettre de revenir rapidement à une inflation faible, permettant un assouplissement rapide des politiques monétaires et conférant un élan porteur, non seulement au marché, mais à l’ensemble de l’économie. Cette thèse a été abandonnée depuis longtemps par les banquiers centraux.
Pour ceux qui estiment que les chocs d’offre et surtout de demande ont entraîné une perturbation durable sur la dynamique des prix, la route est plus sinueuse. En effet, pour la première fois depuis des décennies, les banques centrales, notamment en Europe et aux Etats-Unis, ont dû resserrer leurs politiques monétaires afin de calmer la demande et ainsi réduire les pressions inflationnistes. Or on le sait, le cycle de resserrement a été tardif, nécessitant des hausses de taux historiquement rapides. Le pas de celles-ci devrait diminuer à partir de ce mois. Mais jusqu’où doivent monter les taux directeurs ? Cela sera tranché en 2023. Ce qui est certain, c’est que, des deux côtés de l’Atlantique, les salaires continuent de progresser rapidement, reflétant des marchés du travail tendus. Et que cela milite en faveur d’un effort persistant des banques centrales pour rétablir la stabilité des prix.
Sebastian Paris Horvitz est directeur de la recherche chez La Banque Postale Asset Management
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