Déglobalisation
Nous sommes tous, à juste titre, focalisés sur la trajectoire de la politique monétaire pour faire face à la poussée de l’inflation. Mais cela ne doit pas occulter les ruptures structurelles qui s’opèrent devant nos yeux, et qui influenceront les années à venir. Parmi celles-ci, la déglobalisation est probablement l’une des plus remarquables.
Ce concept doit être considéré comme l’inversion de la logique qui a marqué la dynamique de l’économie mondiale au cours des dernières décennies. Le livre de Thomas Friedman, « La Terre est plate » (éd. Saint-Simon, 2006), décrivait ce nouveau monde d’interactions globales qui devait dominer le 21e siècle. La logique de ce modèle ultra-intégré était régie par la réduction des coûts dans les chaînes de production, entraînant la spécialisation des pays et des chocs parfois brutaux sur l’emploi.
Du point de vue macroéconomique, il a permis entre 1980 et 2007 d’assurer une croissance relativement vigoureuse de l’économie mondiale, autour de 3,5 %, et une convergence de l’inflation vers des niveaux faibles. Mais tant la Covid-19 que la guerre en Ukraine, la montée des nationalismes, mais aussi la nouvelle urgence de la transition énergétique ou encore la feuille de route que vient de nous présenter le président Xi Jinping, contribuent à l’essor d’une volonté de déglobalisation.
La recherche de sécurité à la fois sanitaire, militaire, énergétique, technologique et économique, le tout conjugué à la lutte contre le réchauffement climatique, va réduire la fluidité des mouvements de biens et services sur le plan mondial. Et si on peut s’interroger sur l’impact sur la croissance, il est probable que ce nouveau monde sera bien plus inflationniste.
Sebastian Paris Horvitz est directeur de la recherche chez La Banque Postale Asset Management
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