L'analyse de Patrick Artus
Double menace sur les marchés actions
Deux menaces pèsent sur les marchés actions dans les pays de l’OCDE. La première est le ralentissement cyclique des économies. En cause, le retour du taux de chômage au voisinage du taux de chômage structurel. Aux Etats-Unis, le taux de chômage est très faible (4,1 %) et le taux de participation ne progresse plus. Dans la zone euro, le taux de chômage reste élevé (8,5 %), mais les difficultés d’embauche des entreprises sont devenues très importantes. Quand le taux de chômage revient au niveau du taux de chômage structurel, la croissance ne peut plus être soutenue par la transformation du chômage en emplois. Cela laisse attendre un ralentissement de la croissance de 1 point environ aussi bien aux Etats-Unis que dans la zone euro (de 2,8 % à 1,8 % aux Etats-Unis et de 2,5 % à 1,5 % dans la zone euro), d’où une révision à la baisse de 3 points chaque année des bénéfices par action.
La seconde menace pour les marchés actions est la hausse de l’aversion pour le risque, très importante depuis février 2018. Elle a des causes diverses liées à la géopolitique ; au risque protectionniste ou encore aux politiques économiques menées aux Etats-Unis. En particulier, la politique budgétaire y devenant très expansionniste, cela va conduire à une forte dégradation, déjà visible, du commerce extérieur des Etats-Unis et à un risque de dépréciation du dollar.
Au total, il faut rester prudent quant aux perspectives pour les marchés actions : les marchés financiers n’anticipent pas encore le ralentissement de la croissance des pays de l’OCDE ; compte tenu de ses causes, la hausse de l’aversion pour le risque devrait être permanente et non transitoire.
Patrick Artus est Chef économiste de Natixis depuis mai 2013. Polytechnicien, diplômé de l’Ensae, et de l’IEP Paris, Patrick Artus intègre l’Insee en 1975, où il participe notamment à des travaux de prévision et de modélisation, avant de rejoindre, cinq ans plus tard, le département d’économie de l’OCDE. En 1982, il devient directeur des études à l’Ensae puis il est nommé, trois ans plus tard, conseiller scientifique au sein de la direction générale des études de la Banque de France. En 1988, il intègre la Caisse des dépôts et consignations, où il exerce successivement en tant que chef du service des études économiques et financières puis responsable de la gestion actif-passif. En 1993, il est nommé directeur des études économiques, responsable de la recherche de marché chez CDC-Ixis. Devenu en 1998 directeur de la recherche et des études de Natixis, il est promu chef économiste en mai 2013. Depuis septembre 2024, il est conseiller économique d'Ossiam. Il est également membre du Cercle des Economistes.
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