La boucle prix-marges fera-t-elle monter les taux ?

Publié le 7 avril 2023 à 17h39

Didier Borowski    Temps de lecture 2 minutes

On craignait une boucle prix-salaires mais elle ne s’est pas matérialisée. Dans les années 1970, les entreprises avaient été les grandes perdantes, ce sont aujourd’hui les grandes gagnantes. Elles sont parvenues non seulement à ne pas indexer complètement les salaires sur les prix mais aussi à augmenter leurs prix au-delà de ce qui était nécessaire pour absorber des coûts plus élevés. Leurs marges bénéficiaires se sont ainsi nettement accrues l’an dernier.

En 2022, la BCE estime que la moitié des pressions sur les prix intérieurs dans la zone euro provenait des bénéfices, tandis que l’autre moitié dépendait des salaires. En cause, le pouvoir de fixation des prix des entreprises dans un environnement de contraintes d’offre, d’épargne excédentaire et de demande latente (post-Covid), qui leur a permis d’augmenter les prix sans peser sur la demande. Un phénomène similaire s’est produit aux Etats-Unis.

Les profits sont-ils à l’origine de l’inflation ? La question se pose naturellement en zone euro car l’inflation sous-jacente continue de progresser alors même que les prix des intrants diminuent.

Il est clair que les politiques budgétaires mal calibrées, en contribuant à maintenir la demande globale, ont permis aux marges de s’accroître. Cette année, le ralentissement économique devrait plus sûrement mordre sur les marges. Et si tel n’est pas le cas, le message de la BCE est clair : il faudrait s’attendre à davantage de hausse de ses taux directeurs. Dans les deux cas, c’est un scénario compliqué qui se profile pour les marchés d’actions.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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