Le pari budgétaire de Donald Trump
Il n’y a pas que dans les relations internationales que Donald Trump a fait le choix de la rupture avec les usages établis. A rebours de l’utilisation traditionnellement contra-cyclique de la politique budgétaire, les mesures prises depuis six mois sont équivalentes à la mise en œuvre d’un plan de relance non négligeable alors que le taux de chômage vient de passer sous les 4 %. L’addition de l’accord bipartisan de début février sur les budgets 2018 et 2019, prévoyant une augmentation des plafonds de dépenses discrétionnaires à la réforme fiscale, va faire passer le déficit de 665 milliards de dollars sur l’année fiscale 2017 à plus de 1 000 milliards de dollars à partir de 2020, selon les prévisions du Congressional Budget Office. Mais ces chiffres reposent sur une estimation dynamique des effets sur la croissance. Or, ceux-ci sont toujours incertains et le résultat pourrait être en réalité moins favorable.
Ces mesures vont-elles effectivement libérer de nouvelles ressources dans une économie qui est sans doute déjà au-dessus de son niveau potentiel d’activité ? Ou vont-elles déboucher sur un accroissement des importations ou une surchauffe de l’économie ? A plus long terme, alors que les prochaines années verront sans doute une récession se produire, quelle politique contra-cyclique pourra être mise en œuvre avec un déficit déjà proche de 5 % du PIB et un potentiel de baisse des taux qui sera sans doute moindre que pour les précédents cycles ? En réalité, rien ne dit que le véritable pari ne soit pas simplement d’espérer repousser la récession à l’après 2020, date des prochaines élections.
Julien-Pierre Nouen est directeur des études économiques et de la gestion diversifiée chez Lazard Freres Gestion
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