Le retour tranquille de l’inflation

Publié le 26 juin 2015 à 18h00    Mis à jour le 1 septembre 2015 à 12h34

Jean-François Boulier

La grande peur de la déflation serait-elle derrière nous ? Cette peur se nourrissait de la crainte de la spirale économique négative engendrée par la baisse nominale des prix des biens et services, dont le Japon a mis plus de vingt-cinq ans à sortir. Les dernières statistiques en zone euro, mais également ailleurs en Europe, semblent indiquer un léger frémissement de l’inflation cœur, et, avec le début du rebond de l’énergie, de l’inflation totale à 0,3 % et 0,9 % respectivement pour notre zone monétaire.

Pourtant, le signe le plus flagrant de changement de perception réside dans la lecture des prix, en particulier des titres indexés sur l’inflation. Ces derniers en zone euro offrent des taux réels encore négatifs, autour de - 0,3 % en ce qui concerne les OATi par exemple. Lorsque l’on extrait de la comparaison des taux des titres à taux fixe de même maturité, ce qui est appelé «inflation Break Even», on peut lire une anticipation d’inflation : pour les dix prochaines années, l’inflation française s’élèverait à environ 1,48 %. Lorsque, un cran plus loin, on compare l’anticipation à cinq ans et celle à dix ans, on peut estimer l’inflation entre cinq ans et dix ans. Or l’inflation «cinq ans dans cinq ans» a rebondi nettement d’un plus bas à 1,4 % à environ 1,8 % en quelques mois. La BCE a avoué mesurer une partie de son efficacité par cet indicateur qui, avant l’été, oscillait au-dessus de 2 %.

Si la remontée des taux courts en zone euro n’est pas pour demain, il reste qu’une bonne préparation à ce retour modeste peut s’avérer efficace. Investir progressivement dans les actifs réels, ou dans les titres d’entreprises ayant un «pricing power» paraît sage. Pour les investisseurs plus directement intéressés par les mouvements de l’inflation point mort, l’investissement en obligations indexées en les couvrant contre le risque de remontée des taux peut être approprié.

Mais il faut se rappeler que l’inflation est l’une des variables parmi les plus difficiles à prévoir !

Jean-François Boulier Président d'honneur ,  Af2i

Jean-François Boulier est président d'honneur de l'Af2i.

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