Le spectre du défaut de paiement américain peut faire monter la volatilité

Publié le 19 mai 2023 à 16h06

Didier Borowski

Le coût de l’assurance de la dette fédérale américaine (CDS) a augmenté, mais les marchés ne prennent pas (encore) au sérieux la menace d’un défaut. Pourtant, ne pas relever le plafond de la dette entraînerait une contraction budgétaire d’une ampleur et d’une rapidité sans précédent et ferait entrer l’économie en récession. Comme cela s’est produit en 2011, la note souveraine des Etats-Unis pourrait être abaissée. Cela perturberait le fonctionnement des marchés monétaires, entraînant un nouveau resserrement des liquidités. En 2013, la Fed avait simulé les effets d’une impasse qui durerait un mois et durant laquelle le Trésor honorerait néanmoins tous les paiements d’intérêts sur la dette. Les turbulences de marché induites étaient très significatives : une hausse de 80 points de base (pb) sur le taux des titres du Trésor à dix ans, une chute de 30 % de la Bourse et de 10 % du dollar américain.

Si un défaut est hautement improbable, un accident est toujours possible. Rappelons l’incident de 1979 : le Trésor avait alors tardé à rembourser certains titres arrivant à échéance, attribuant ce retard à l’incapacité du Congrès à agir en temps voulu pour revoir le plafond de la dette… Le problème avait certes été résolu en quelques semaines, mais le taux sur les bons du Trésor à un mois avait bondi de 60pb.

Pour éviter un défaut, une option sérieusement envisagée par le passé a été la « priorisation ». En pratique, il s’agirait de « retarder » les versements des pensions de retraite de la fonction publique ou les versements aux bénéficiaires des régimes d’assurance Medicare pour éviter un défaut. Mais outre qu’il n’y a pas de base légale, cela créerait un dangereux précédent.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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