Les taux d’intérêt à long terme ont-ils atteint leur pic ?

Publié le 2 juin 2022 à 18h30

Didier Borowski    Temps de lecture 2 minutes

Les banques centrales sont prises en tenaille. Elles se doivent de remonter leurs taux pour ancrer les anticipations d’inflation, mais veulent éviter que leur action ne précipite une récession. Et c’est pour la Banque centrale européenne (BCE) que le dilemme est le plus cruel, car la zone euro est déjà en quasi-récession.

Les taux d’intérêt à long terme escomptent les hausses de taux anticipées pour la Fed et la BCE. En revanche, il n’est pas dit qu’ils prennent correctement en compte l’évolution de leur bilan. La BCE entend clôturer son programme d’achats de titres au début du troisième trimestre. Et la Fed, commence – à compter du 1er juin – à dégonfler son bilan en cessant de réinvestir les tombées de son portefeuille obligataire.

Evaluer l’impact sur l’équilibre entre la demande et l’offre de titres est tout sauf trivial, surtout dans l’environnement actuel. On peut certes mesurer ex ante le surcroît d’offre de papier qui devra être absorbé par le secteur privé. Mais quid de la demande des investisseurs ? Les achats de titres par les banques centrales étaient perçus par ces derniers comme une « assurance » contre une remontée brutale des taux longs. De plus, ils ont engendré un rééquilibrage des portefeuilles en faveur d’actifs plus risqués.

Les études d’impact réalisées n’éclairent pas vraiment, dans la période actuelle marquée par une incertitude élevée. Si l’inflation ralentit conjointement à la croissance, nul doute que les investisseurs seront enclins à se repositionner sur les emprunts d’Etat à long terme. En revanche, si l’inflation sous-jacente continue de surprendre à la hausse, les taux d’intérêt nominaux peuvent encore s’élever, et ce, même si l’activité économique se contracte. Car ce sont les taux d’intérêt réels qui comptent au final pour les investisseurs.

Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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