Performance dans la durée
L’Association française d’épargne et de retraite (Afer) vient de célébrer ses 40 ans. L’équivalent d’un euro placé en 1976 dans le fonds garanti devient 17,90 euros quarante ans plus tard. Quelles sont les leçons qu’une telle période d’épargne peut inspirer ?
Le contrat de l’Afer a été créé par des visionnaires qui ont mis en place un nouveau type de fonds, devenu, au fil des ans, la référence en matière d’assurance-vie. Le groupe Abeille, partenaire depuis l’origine, a changé d’actionnaires et de nom, et a su générer un rendement régulièrement primé, grâce aux frais bas et à la gestion de long terme qu’il a mis en œuvre.
La performance du portefeuille, principalement obligataire, illustre l’effet multiplicateur de la capitalisation. Pourtant, l’inflation a été dévastatrice, l’indice des prix étant multiplié par 4 sur la période. Au total, le rendement réel s’établit à 4,1 % et le pouvoir d’achat du porteur se trouve multiplié par 4,5. Les premières années très inflationnistes n’ont pas été les plus rentables ; en revanche, le dernier taux réel, voisin de 3 %, est l’un des meilleurs du xxie siècle.
Mais la prise de risque apporte encore plus : le premier fonds de la gamme multisuppports, Afer Sfer lancé en 1995, a connu sur vingt ans une performance annuelle nette de frais de 6,5 %, un euro investi dans ce fonds à plus de 60 % en actions françaises a vu sa valeur multipliée par 3,3 quand le fonds en euros a, lui, été multiplié par 2,4. Et si l’on reconstituait la performance du fonds depuis 1976 en conservant son indicateur de performance et sa surperformance, la valeur du fonds aurait été multipliée par 36,2, soit plus du double de celle de la valeur du fonds garanti sur quarante ans.
Les performances passées ne sont pas un guide pour le futur. La période, exceptionnelle à plus d’un titre, ne se reproduira pas. Pourtant, ces performances sur quarante ans, durée typique d’un placement d’épargne, soulignent les faits majeurs à retenir : le pouvoir de la capitalisation, l’érosion puissante de l’inflation, l’efficacité d’une gestion de long terme, l’impact des frais et, enfin, la rémunération du risque.
Jean-François Boulier est président d'honneur de l'Af2i.
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