Que peut faire la BCE pour lutter contre la fragmentation financière ?

Publié le 20 juillet 2022 à 12h25

Didier Borowski    Temps de lecture 2 minutes

La BCE s’est engagée à lutter contre la fragmentation financière dans la phase de normalisation monétaire ; autrement dit, à endiguer une montée rapide et injustifiée de la défiance. Oui mais comment ? La BCE distingue les programmes d’achats de titres financés par création monétaire de ceux visant à stabiliser les conditions de liquidité, dont le but est de restaurer le canal de transmission de la politique monétaire. Seuls ces derniers sont compatibles avec la remontée des taux directeurs.

Le Programme SMP (Securities Markets Programme) mis en place par la BCE en mai 2010 est un précédent utile à rappeler. Il s’agissait alors d’intervenir sur les marchés obligataires publics et privés afin de garantir la profondeur et la liquidité de compartiments de marché jugés dysfonctionnels. L’objectif n’était pas d’accroître la base monétaire, la monnaie de banque centrale créée par ces achats de titres étant stérilisée, c’est-à-dire absorbée chaque semaine par des « reprises de liquidité en blanc » auprès des banques (une facilité de dépôt rémunérée). La stérilisation correspondait à une concession faite à la Bundesbank.

La BCE pourrait s’inspirer de cette expérience pour son nouveau plan. Il est cependant peu probable qu’elle soit prête à en divulguer, le 21 juillet, les modalités précises (durée, montants, conditionnalité). Il ne faut par ailleurs pas s’attendre à une action proactive de sa part : il lui faudra d’abord constater des dysfonctionnements. Or la décompression récente des spreads de crédit des entreprises bien notées semble partiellement déconnectée des fondamentaux. La BCE pourrait donc juger utile de préciser que des titres privés seront possiblement éligibles…

Mots clés Macroéconomie
Didier Borowski Responsable recherche politiques macro ,  Amundi Investment Institute

Didier Borowski est responsable de la recherche sur les politiques macroéconomiques au sein de l’Amundi Investment Institute. Auparavant, il a exercé plusieurs fonctions : responsable de la stratégie Taux et Changes, co responsable de l’équipe de Stratégie et Recherche économique, responsable de la macroéconomie puis plus récemment responsable global views. Avant de rejoindre Amundi, il était économiste et stratégiste senior de Société Générale Asset Management (2000-2009). Didier Borowski a commencé sa carrière au sein de la Direction de la Prévision du Ministère de l’économie et des finances. Il a également exercé les fonctions d’expert auprès de la Commission européenne. Didier Borowski est Docteur ès sciences économiques. Il a été Professeur associé à l’Université Paris Nord (2007-2011) puis a enseigné plusieurs années à l’université Paris-Dauphine.

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