Directions financières

Difficultés de recrutement : pensez à l’intérim !

Publié le 6 octobre 2022 à 16h44

Anaïs Trebaul

Dans un contexte de tensions sur les recrutements, de plus en plus d’entreprises font appel à des intérimaires ou managers de transition pour remplacer les financiers sur le départ, dont le successeur n’a pas encore été trouvé. Une mission en principe de court terme qui se transforme parfois en CDI.

« Les tensions sur le marché du travail sont telles que certains groupes du CAC 40 ont eux aussi du mal à garder leurs salariés et à remplacer les départs, observe Emilie Couvreur, Associate Business Director chez Robert Half. Les directions financières n’échappent pas à cette tendance et font même partie des métiers les plus touchés. » Pour compenser cette hémorragie, un certain nombre d’entreprises ont ainsi décidé ces derniers mois de faire appel à de l’intérim – aussi appelé management de transition pour les postes à responsabilités.

«S’agissant des métiers comptables, le recours à l’intérim est plus spécifiquement utilisé pour pallier la hausse de l’activité à l’approche de la clôture ou dans le cadre d’un changement de process et de la digitalisation de certaines activités. »

Bastien Letang Manager ,  Robert Half

Des missions relais

Habituel pour les missions en soutien de l’activité comptable lors des périodes de clôtures ou durant la mise en place de projets spécifiques (voir encadré), l’intérim s’est renforcé ces derniers mois s’agissant des postes de direction. « Nous assistons à une hausse exceptionnelle de la demande des entreprises pour des missions relais, après la démission d’un de leurs salariés et dans l’attente d’un recrutement en CDI, remarque Emilie Couvreur. Celles-ci sont en outre surreprésentées au sein des fonctions finances par rapport aux autres directions. » Selon le baromètre France Transition, 45 % des missions de management de transition sont actuellement des missions relais, et 55 % des missions projet pour accompagner des opérations de transformation, alors qu’habituellement le rapport est de 30 %/70 %. 70 % de ces missions ont lieu au sein des directions financières. PME, ETI, grandes entreprises… toutes les tailles d’entreprises seraient touchées par ce phénomène.

Il faut dire que les délais de recrutements pour des postes de responsable financier, directeur du contrôle de gestion, directeur de la trésorerie ou encore directeur comptable, déjà longs par le passé, ont bondi ces derniers mois et ne permettent pas aux entreprises d’assurer la continuité de leurs postes en finance. « Les entreprises ne peuvent pas se permettre de laisser les postes à responsabilité vacants, souligne Emilie Couvreur. Or l’allongement des délais de recrutement, de 3 à 6 mois désormais, s’ajoute à un processus de recrutement déjà relativement long puisqu’il faut compter entre 6 et 10 entretiens avant d’embaucher un directeur financier, par exemple. » En conséquence, la durée de ces missions s’allonge également. « Les missions relais durent actuellement 6 mois minimum, soit 3 à 4 mois de plus qu’habituellement, le temps que le préavis de la personne recrutée s’écoule et que la passation avec le sortant, mais aussi avec la nouvelle recrue, se fasse », poursuit Emilie Couvreur.

Intérim, management de transition : des outils de plus en plus utilisés

Concernant les métiers financiers, les entreprises font traditionnellement appel à de l’intérim pour les comptables client, fournisseur et comptables général. « L’intérim permet souvent de remplacer des personnes parties en congés maladie ou maternité, voire en vacances, indique Bastien Letang, manager chez Robert Half. S’agissant des métiers comptables, le recours à l’intérim est plus spécifiquement utilisé pour pallier la hausse de l’activité à l’approche de la clôture ou dans le cadre d’un changement de process et de la digitalisation de certaines activités. » Ces missions durent en moyenne entre 1 et 3 mois.

Les entreprises peinent aussi à trouver des profils qualifiés pour ces missions de courte durée en comptabilité. « Les difficultés de recrutement touchent tous les types de contrats, CDI, CDD, comme intérim, observe Bastien Letang. Les candidats sont plus rares. »

Pour les postes de direction, les entreprises ont recours à des contrats de type « management de transition ». Il peut s’agir de missions relais (voir article) ou de missions projet. « En finance, la demande des entreprises pour du management de transition de type projet est actuellement stable, souligne Emilie Couvreur, associate business director chez Robert Half. En revanche, si les directeurs financiers de transition interviennent fréquemment sur des missions classiques de montée de version ERP, l’obligation de passer à la facturation électronique entre entreprises à partir de 2024 génère de nombreux projets requérant actuellement de nouveaux besoins. De même, on observe une hausse de la demande pour accompagner des opérations de cessions et de fusions. »

Un intérêt de la part des candidats

Par ailleurs, les candidats en intérim sont relativement plus faciles à trouver que pour un poste en CDI. « Le mode mission attire de plus en plus, puisqu’il offre une certaine forme de liberté, d’indépendance et d’objectivité de parole, constate Emilie Couvreur. Les missions sont également moins routinières. De plus, avec la crise sanitaire, plusieurs expatriés en Asie ou aux Etats-Unis sont rentrés en France et ont choisi dans un premier temps de réaliser des missions de management de transition avant de se repositionner en CDI. » Les salaires sont aussi plus attractifs. « Pour sécuriser la mission, les profils sont souvent surdimensionnés, c’est-à-dire qu’ils ont souvent des expériences plus variées (secteur, international, etc.) et plus longues que pour le même poste en CDI, ajoute Emilie Couvreur. La grille des forfaits jour en intérim est parfois plus élevée que pour le même poste en CDI. Globalement, le taux journalier moyen des managers de transition est en légère hausse de 20 euros par jour. »

De ce fait, ces missions temporaires servent parfois d’outils pour recruter. « 23 % des missions relais en finance se transforment en CDI », précise Emilie Couvreur. Un chiffre déjà élevé, mais sous-estimé, car les propositions de postes en CDI à la fin de mission sont bien plus importantes mais elles sont souvent refusées…

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