Métier

Les atouts du chargé de recouvrement de créances

Publié le 19 mai 2022 à 11h14

Anne del Pozo

Désormais reconnu en interne comme en externe, le chargé de recouvrement de créances participe autant à faire rentrer le cash dans l’entreprise qu’à renforcer la relation client. Une double mission qui nécessite de fortes compétences relationnelles conjuguées à un savoir-faire en matière de négociation.

Le recrutement de chargés de recouvrement de créances suit le marché de l’emploi et surtout s’inscrit dans la tendance économique. Plus l’activité économique se développe, plus il y a de factures à gérer et à recouvrer et plus les entreprises ont besoin de chargés de recouvrement de créances. « Aujourd’hui, nous sommes clairement dans un marché propice aux candidats, note Gérald Hallais, credit manager du groupe Partnaire (Intérim et Solutions RH), administrateur et vice-président formation de l’AFDCC (Association française des credit managers et conseils).

Ces profils sont plus particulièrement recherchés dans les grands groupes, qui ont des équipes de credit management internes, ou bien chez les prestataires spécialisés dans le recouvrement de créances. » C’est par exemple le cas de la société Intrum, qui cette année recrute une vingtaine de chargés de recouvrement de créances.

Un métier désormais reconnu

Parallèlement à ce besoin marché, le chargé de recouvrement de créances a désormais trouvé sa place au sein des organisations et bénéficie aujourd’hui d’une véritable reconnaissance, alors même qu’il est longtemps resté peu considéré dans les entreprises. « Leur rôle est devenu d’autant plus important depuis la période Covid pendant laquelle tous les métiers liés au credit management ont été particulièrement plébiscités, notamment pour préserver les trésoreries des entreprises », poursuit Gérald Hallais. La reconnaissance des chargés de recouvrement de créances dépasse même les frontières de l’entreprise puisque les clients débiteurs eux-mêmes ont, pour beaucoup, changé leur regard sur eux. « La perception des débiteurs sur notre métier a, depuis quelques mois, évolué explique Jérémy Monin, gestionnaire de portefeuille chez Intrum. Nous sommes désormais davantage considérés comme un service client. Les débiteurs attendent d’ailleurs souvent de nous que nous comprenions leur situation, les raisons pour lesquelles ils sont en retard de paiements, et que nous les aidions à trouver des solutions pour régler leurs créances. »

«Nous cherchons des candidats capables de cadrer un discours, de négocier. »

Morgane Drivot DRH ,  Intrum

La connaissance client, un prérequis au recouvrement

Qu’il travaille au sein d’une entreprise ou dans un organisme de recouvrement de créances, le chargé de recouvrement de créances a en effet pour vocation de mettre en place des actions de relances adaptées au profil du débiteur. « Chaque matin, la première mission du chargé de recouvrement de créances consiste à prendre connaissance des impayés de nos clients par rapport aux traites directes, puis à contacter les débiteurs, témoigne une analyste crédit dans un grand groupe industriel français. En fonction des raisons invoquées pour leur impayé (RIB inexploitable, date d’échéance contestée, provision insuffisante, litige marchandise…), nous mettons en place une action de recouvrement adaptée. Par exemple, nous pouvons, à titre exceptionnel, leur proposer un moratoire de paiement sur trois mois. » De manière générale, il lui revient de prendre connaissance du dossier client, de l’analyser et de trouver des solutions de relances les mieux adaptées à la situation.

Des compétences « humaines » plus que « techniques »

Pour mener à bien ses missions, le chargé de recouvrement doit être en capacité d’écouter et de comprendre la situation des clients qu’il relance. « Il s’agit d’un métier qui demande un profond sens du relationnel aussi bien avec les clients en externe, qu’avec les services commerciaux ou les comptables en interne, précise Gérald Hallais. Le chargé de recouvrement doit être à la fois ferme et diplomate. Il doit garder son calme en toutes circonstances, y compris lorsqu’il se trouve face à un client récalcitrant ou de mauvaise foi. Il doit également privilégier un recouvrement amiable afin de garder la relation commerciale avec le client et éviter d’éventuels frais de procédure judiciaire. » Les candidats ayant une expérience dans la relation client sont d’ailleurs, à ce titre, appréciés. « Nous cherchons des candidats capables de cadrer un discours, de négocier, précise Morgane Drivot, DRH de la société de recouvrement Intrum. Les profils qui ont une expertise en comptabilité, qui savent lire un bilan sont également un plus pour nous. » Lorsque le recouvrement amiable n’a pas abouti et qu’un dossier passe au niveau du contentieux, les chargés de recouvrement peuvent être amenés à réaliser des procédures judiciaires (telles que l’injonction de payer) ou encore à présenter un dossier devant un tribunal. Les compétences juridiques ainsi que la maîtrise des techniques de recouvrement et des voies d’exécution sont alors nécessaires.

Un système de rémunération avec une base variable

Les revenus des chargés de recouvrement de créances s’articulent autour d’un salaire compris entre 25 000 € pour les juniors à 36 000 € pour les plus expérimentés. Souvent, le salaire comprend une part fixe et une part variable. « Notre système de rémunération pour les chargés de recouvrement de créances est basé sur un fixe de 80 % et un variable de 20 % », explique Morgane Drivot, DRH d’Intrum. Ce dernier est déterminé selon des critères quantitatifs (capacité à encaisser) et qualitatifs (capacités à accompagner correctement le débiteur).

D’autres compétences peuvent également être requises afin d’optimiser le recouvrement de créances. D’une part, l’utilisation et la maîtrise des outils et logiciels de gestion du poste clients par des prestataires spécialisés et, d’autre part, la connaissance du fonctionnement du processus de facturation du client. « Aujourd’hui, avec le développement grandissant de la dématérialisation des factures via des plateformes telles que Chorus Pro pour les administrations, la maîtrise de ces outils digitaux est un plus pour un chargé de recouvrement, précise Gérald Hallais. Elle leur permet notamment d’identifier les causes du retard de paiement. »

Un métier ouvert à différents profils

Au regard de leurs fonctions, les chargés de recouvrement de créances peuvent venir de différents horizons. Certains ont suivi des formations certifiantes ou diplômantes inhérentes à ce métier, dispensées par des organismes de formation ou par l’association des credit managers (AFDCC) qui pour sa part propose un cursus de 12 mois en alternance. « Ce métier nous demande d’être polyvalent, nous conduit à faire des analyses de risques, à lire des bilans, à autoriser ou refuser des demandes d’encours supplémentaires, précise une ancienne chargée de recouvrement de créances aujourd’hui analyste crédit. En ce sens, la formation AFDCC a été un plus, car elle couvre ces différentes notions. » Le métier est également accessible aux Bac +2 ayant un profil comptable ou encore administration des ventes. « Pour les postes davantage focalisés sur les procédures de recouvrement en contentieux ou judiciaire, un Bac +5 en droit est souvent requis », précise Gérald Hallais. Certaines sociétés de recouvrement de créances proposent également des formations internes. « Pour les familiariser avec les procédures de recouvrement de créances et les aider à gagner en autonomie, nous dispensons à nos nouvelles recrues une formation de 15 jours », précise Morgane Drivot. Une démarche que les grandes entreprises peuvent également avoir dans le cadre de leurs formations internes.

Des perspectives d’évolution attractives

Alors que ce métier est, à l’heure actuelle, en faveur des candidats, les recruteurs valorisent les perspectives d’évolution auxquelles il ouvre. « Dans une société spécialisée dans le recouvrement de créances ces perspectives sont aussi horizontales que verticales, précise Morgane Drivot. Le chargé de recouvrement peut, par exemple, se voir confier des typologies de créances différentes (créances en BtoB, en BtoC, dans le secteur de l’assurance, dans la banque, etc.). Il peut également devenir expert métier et à ce titre, accompagner, conseiller et former nos chargés de recouvrement de créances, ou encore manager de proximité et piloter une activité d’Intrum à part entière. » Les chargés de recouvrement en poste dans une entreprise peuvent pour leur part évoluer vers des fonctions d’analyses crédit, de contrôleur de gestion, voire même de credit management.

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