Recrutement

Les banques françaises à l’écoute des jeunes talents

Publié le 15 décembre 2022 à 16h03

Chloé Consigny    Temps de lecture 7 minutes

Les jeunes se montrent de plus en plus exigeants vis-à-vis de leurs employeurs sur les thématiques RSE ou encore concernant l’équilibre entre vie personnelle et vie professionnelle. L’industrie bancaire n’échappe pas à ce phénomène. Pour répondre à ces nouvelles attentes, attirer les jeunes et les fidéliser, les acteurs de la Place proposent une série de dispositifs.

Au cours de l’année 2021, le secteur bancaire français a réalisé 40 300 embauches, selon les chiffres de la Fédération Bancaire française. Au total, ce sont 350 000 personnes qui, en France, travaillent au sein d’un établissement bancaire, soit 1,7 % de l’emploi salarié en France. La part des jeunes de moins de 30 ans reste prépondérante dans ces nouvelles embauches et elle a même tendance à augmenter. Ainsi, en 2021, 51,9 % des embauches dans le secteur bancaire concernaient des jeunes de moins de 30 ans, contre 46 % deux ans auparavant. A titre d’exemple, BNP Paribas a recruté 7 000 nouveaux collaborateurs au cours de l’année 2022, dont 2 500 alternants et 1 500 stagiaires. De même, le groupe BPCE totalise à ce jour 4 200 alternants et a recruté 2 000 jeunes de moins de 30 ans au cours de l’année dernière.

Une véritable pénurie de talents

De plus en plus nombreux au sein des banques, ces jeunes se montrent exigeants. L’engagement environnemental et sociétal de l’entreprise et l’alignement entre les valeurs promues et les actions concrètes sont scrutés de près par les collaborateurs et notamment par les plus jeunes d’entre eux, qui n’hésitent pas à pratiquer le « name & shame » en affichant leurs employeurs sur les réseaux sociaux professionnels. Par ailleurs, l’industrie bancaire doit faire face à une pénurie de talents, particulièrement à l’œuvre dans certains métiers, à l’instar de l’IT, dont, le nombre d’offres d’emploi est aujourd’hui largement supérieur au nombre de candidats. BNP Paribas veut croire en l’attrait des banques, notamment auprès des jeunes talents. « Dans une période d’incertitudes, le groupe BNP Paribas – de par son développement et sa solidité – demeure une organisation rassurante. Par ailleurs, les dernières années ont apporté la preuve que la banque est une activité centrale de l’économie », explique Pierre-Henri Havrin, directeur du recrutement et de la mobilité, BNP Paribas qui ajoute : « Nous n’avons pas enregistré de phénomène de démission pendant ou à l’issue de la crise sanitaire. Dans une période tourmentée, nos collaborateurs souhaitent rester au sein de notre organisation. Ils savent également que rejoindre un groupe comme BNP Paribas, c’est se projeter au sein d’une organisation offrant plus 300 métiers où les opportunités d’évolution sont une réalité. » Il concède néanmoins que « la guerre des talents impose aujourd’hui à l’ensemble des secteurs d’être encore plus attractifs. Ce qui est une excellente nouvelle pour le marché de l’emploi. Nous maintenons une vraie exigence dans l’expérience de recrutement proposée à nos candidats ».

Un cycle de formation à destination des alternants

Pour la sélection des alternants au sein de B-School, nouveau centre de formation de BNP Paribas qui délivre un diplôme reconnu au répertoire national des certifications professionnelles (RNCP) et qui a ouvert ses portes en mars 2022, le groupe a imaginé un process de sélection ludique avec un escape game. « Quel que soit le contrat, l’expérience de recrutement doit être attractive. Il faut qu’elle soit la plus agréable possible », détaille Pierre-Henri Havrin. Le premier programme délivre un bachelor « Banque omnicanal » et compte 60 alternants dans sa première promotion. « Nous avons pour ambition de former 600 alternants à fin 2025 et nous ouvrirons cette formation à d’autres diplômes et localisations en France, à destination de la banque de détail mais pas uniquement », poursuit Pierre-Henri Havrin. En captant les talents dès leur formation, BNP Paribas entend les accompagner dans une carrière longue au sein de l’établissement bancaire. A l’heure où les talents sont parfois difficiles à fidéliser, les géants de la place misent également sur les ERG (employee ressource group) qui ont pour vocation de rassembler les salariés sur des thématiques spécifiques.

«Les jeunes ont besoin de se sentir responsables pour agir, ils ont également besoin de sens dans leur travail et déplorent les process longs et fastidieux. »

Jennifer Bodjona Cheffe de projet animation de communautés IT, cofondatrice & COO de l’ERG WAY ,  Société Générale

Un réseau dédié aux jeunes

C’est ainsi que Société Générale a vu naître en son sein l’ERG WAY – « we are young » à Londres en 2019. « Un groupe existait de manière informelle, les jeunes savent très bien se retrouver après le travail, explique Jennifer Bodjona, cheffe de projet animation de communautés IT, cofondatrice & COO de l’ERG WAY au sein de Société Générale. Néanmoins, la création de ce réseau a pour ambition d’embarquer davantage de jeunes collaborateurs au sein de Société Générale, le secteur bancaire étant souvent assimilé à un environnement de travail pas très fun et très normé au sein duquel il existe peu de liberté et d’autonomie. » Dix-huit mois ont été nécessaires à la structuration du réseau. « Nous avons rencontré la DRH et le CEO, poursuit Jennifer Bodjona. Notre réseau international est structuré autour de trois piliers : inspirer pour fédérer, se développer pour grandir et se dépasser pour transformer. » Tous les jeunes collaborateurs de moins de 32 ans sont de fait membres du réseau, soit au total 10 000 personnes. Si beaucoup sont des membres passifs, tous ont accès aux actualités de WAY via les newsletters et le réseau social interne du groupe et ont ainsi la possibilité de se rendre aux événements organisés par l’ERG autour de différentes thématiques : bien-être au travail, carrière, digital ou encore le développement durable. Pour son fonctionnement, le groupe est doté d’une subvention de la banque.

Les ERG se développent en France

  • Nés dans les pays anglo-saxons, les ERG – employee ressource group – sont des communautés créées à l’initiative des collaborateurs autour de thématiques spécifiques. A la différence des syndicats, les ERG ne sont pas dotés d’une force de représentation mais sont destinés à faire émerger des sujets et à accompagner les collaborateurs. Parmi les précurseurs en la matière, IBM dispose aujourd’hui de huit ERG aux Etats-Unis (Black, DiversAbility, Hispanic, LGBTQ+, Pan-Asian, Indigeneous, Veterans et Women). En France, si les communautés ethniques n’existent pas, de plus en plus d’ERG émergent autour des femmes, des personnes LGBTQI+ ou encore des jeunes. Dans le secteur bancaire en France, Société Générale possède différents ERG, à l’instar de WAY, ou encore d’un groupe baptisé « S’engager » autour des questions environnementales, tandis que BNP Paribas s’est dotée d’un réseau LGBTQI+ baptisé « BNP Paribas PRIDE », ou encore d’un réseau intergénérationnel sous le nom de « WeGenerations. »

Un travail en bonne intelligence avec la direction

L’ambition de l’ERG est de recueillir la parole des jeunes talents et de les accompagner dans leur vie professionnelle. Jennifer Bodjona constate que ce sont souvent les mêmes sujets qui reviennent. « Les jeunes sont animés par l’envie de s’engager et de faire, explique-t-elle. Ils ont besoin de se sentir responsables pour agir. Ils ont également besoin de sens dans leur travail et déplorent les process longs et fastidieux, tout comme le “présentéisme” et souhaitent évoluer dans une structure flexible. » Dans ce contexte, les accords de télétravail, à raison de deux jours par semaine, constituent une véritable avancée. L’ERG s’emploie à faire remonter les différents sujets à la direction mais se défend d’en être son bras armé. « Nous avons nos propres pistes de réflexion et sommes indépendants et nous travaillons en bonne intelligence avec la direction », souligne Jennifer Bodjona. Le réseau étant récent, il n’a pas encore obtenu d’importantes avancées, mais les membres actifs reconnaissent une « écoute active » de la part des dirigeants. Le réseau WAY se place régulièrement aux côtés du groupe, notamment lorsqu’il s’agit de présenter l’entreprise lors de forums étudiant

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