Bourse

Les DAF conseillent la French Tech

Publié le 3 septembre 2021 à 11h00

Thomas Feat

En 2020, Euronext et la Mission French Tech ont créé le Club des directeurs financiers, dont la mission est de sensibiliser les fleurons non cotés de l’écosystème technologique français aux enjeux de la Bourse. Une mission d’autant plus importante que ces entreprises sont toutes susceptibles de rejoindre la cote dans les prochaines années.

Fin août, l’entreprise clermontoise Afyren, créée en 2012 et spécialisée dans la chimie verte, a vu son document d’enregistrement approuvé par l’Autorité des marchés financiers (AMF). Cette validation constitue la première étape du processus de cotation officiel et réglementé de la société, susceptible d’être mené à bien d’ici la fin de l’année sur Euronext Growth (ex-Alternext). Elle survient, par ailleurs, au terme d’une longue période de réflexion et de préparation interne. Un laps de temps au cours duquel Maxime Cordonnier, directeur administratif et financier d’Afyren, a pris part à plusieurs sessions du Club des directeurs financiers créé conjointement en 2020 par Euronext et la Mission French Tech dans le but de sensibiliser les responsables financiers des entreprises du Next 40 et du French Tech 120, toutes non cotées mais potentiellement candidates à la cotation, aux attraits, contraintes et enjeux de la Bourse.

Entre septembre 2020 et juin 2021, le responsable financier a participé à toutes les sessions du Club, soit quatre au total. « Ces séances de deux heures sont organisées chaque trimestre, indique Maxime Cordonnier. Au cours de celles-ci, les DAF des principales start-up et scale-up de l’écosystème technologique français ont la possibilité d’échanger avec des directeurs financiers de sociétés cotées, accompagnés parfois de consultants rompus à l’exercice de l’IPO. » Les discussions s’articulent autour de thèmes prédéfinis : impact de la cotation sur la gouvernance, incidence de la conversion aux normes IFRS, organisation du travail avec les divers conseils, qu’il s’agisse des agences de communication, des avocats, des banques ou des listing sponsors, etc. Toutefois, par souci d’exhaustivité, l’exercice se veut également informel. « Chacun est libre de poser, lors d’entretiens individuels, des questions en rapport avec les problématiques de sa propre entreprise, souligne Maxime Cordonnier. Pour ma part, je souhaitais obtenir des renseignements précis sur les exigences organisationnelles et techniques imposées par la rédaction du prospectus et sur les attentes de l’AMF. »

Des connaissances étendues

La diversité des sujets traités découle directement du profil des intervenants. Ceux-ci – c’est là tout l’intérêt du Club – ont eux-mêmes géré la cotation de leur société au cours des dernières années. Ainsi Jérôme Caron, directeur administratif et financier de Hoffmann Green Cement Technologies, a été recruté en mars 2019 par l’entreprise, sept mois avant son introduction en Bourse. Une opération assortie d’une augmentation de capital de plus de 75 millions d’euros, la plus importante, à l’époque, de l’histoire d’Euronext Growth. De son côté, Amaury Rosset, directeur administratif et financier de Wallix (20 millions d’euros de chiffre d’affaires l’an dernier), PME active dans la cybersécurité, a orchestré le listing de l’entreprise sur le marché déréglementé parisien en 2015. « Quelques mois après notre introduction, j’ai rejoint le Club des utilisateurs d’Euronext, dont la mission est de conseiller l’opérateur de marché dans ses initiatives, ses nouveaux produits ou services, et son positionnement, précise Amaury Rosset. En 2020, le groupe m’a proposé de participer au Club des directeurs financiers constitué lors du lancement de la première promotion du Next 40 et du French Tech 120, ce que j’ai accepté. Il est très important pour l’attractivité du secteur numérique hexagonal qu’à moyen terme, des acteurs du digital, et plus spécifiquement de la cybersécurité, rejoignent la cote. »

De nombreux roadshows

Le partage d’expérience de ces financiers se révèle d’autant plus bénéfique qu’il ne se limite pas seulement à des considérations techniques, réglementaires, ou même financières (telles que le coût de l’opération, compris entre 3 et 5 % du montant levé). « Les entreprises qui ont la Bourse en ligne de mire doivent cerner correctement leurs attentes, insiste Jérôme Caron. Une cotation peut représenter, par exemple, une opportunité de s’affranchir de la tutelle parfois contraignante des fonds de capital-investissement, de gagner en visibilité et en crédibilité, ou de faire entrer de nouveaux investisseurs à son capital dans le cadre d’une expansion internationale. » Si les experts sollicités ont une connaissance exhaustive des contraintes inhérentes à la préparation du listing, c’est aussi le cas des obligations relatives à la vie du titre. « Au cours de mes interventions, j’insiste fréquemment sur le fait que les dirigeants d’une société cotée doivent maintenir une communication étroite avec les investisseurs, les analystes et le marché, relève Amaury Rosset. Chaque année, les dirigeants de Wallix participent ainsi à près d’une vingtaine de roadshows au cours desquels ils rencontrent environ 150 investisseurs ! » De même, tous les paramètres techniques de la gestion post-marché permettant de favoriser la progression du cours du titre – comme la mise en place de contrats de liquidité – ou les moyens d’obtenir de nouveaux financements – à l’instar des augmentations de capital secondaires – sont passés au crible.

Une reconduction en 2022

Deux ans après le lancement de l’initiative, les dirigeants du French Tech 120 à saluent sa pertinence. « Participer au Club m’a permis, sur les recommandations d’un directeur financier, de cibler plus rapidement les conseils dont nous nous sommes entourés pour orchestrer notre listing et donc de gagner quelques semaines sur notre emploi du temps », indique le président-directeur général d’une greentech. Convaincus du bien-fondé de la démarche, plusieurs financiers d’entreprises du French Tech 120 introduites en Bourse au cours des derniers mois envisagent à leur tour de transmettre leur expérience. « Le French Tech 120 se renouvelle suffisamment chaque année pour qu’il soit pertinent de continuer à prodiguer des conseils avisés à des participants qui n’ont pas encore approché la Bourse », estime Maxime Cordonnier.

Fort de ces retours, le Club sera vraisemblablement reconduit à la fin de l’année pour accompagner la future promotion du Next 40 et du French Tech 120, dont la composition devrait être connue à cette date. L’enjeu est d’autant plus important qu’un nombre croissant d’entreprises des deux programmes lancés en 2019 par Emmanuel Macron sont susceptibles de rejoindre la cote à moyen terme. OVH Cloud, par exemple, projette de déposer son document d’enregistrement cet automne en vue d’une cotation avant la fin de l’année. 

Un accompagnement exhaustif

l Dans le cadre de son partenariat avec la Mission French Tech, Euronext propose aux entreprises du French Tech 120 une série d’actions pédagogiques (ateliers, rencontres, webinaires) pour comprendre le rôle de la Bourse dans une stratégie d’hypercroissance. L’opérateur de marché offre par ailleurs aux dirigeants de ces sociétés un accès privilégié à TechShare, son programme de formation pré-IPO, et organise des rencontres fréquentes avec des investisseurs et analystes boursiers.

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