Compétences

L’expertise des analystes crédit se renforce

Publié le 23 mai 2022 à 16h30

Anne Del Pozo    Temps de lecture 7 minutes

Les analystes crédit sont au cœur des processus de décision d’octroi de crédit dans les banques et chez les assureurs crédit. Ils sont actuellement d’autant plus recherchés que les risques deviennent très complexes à cerner pour les entreprises. Face à ce contexte, les candidats sont très attendus sur leurs compétences techniques.

Depuis le début de la crise Covid, les analystes crédit et en particulier ceux qui travaillent dans le B-to-B sont très recherchés par les banques et les assurances. « S’il s’agit de profils régulièrement recherchés, nous constatons néanmoins et depuis deux ans un pic de recrutements sur ce marché, affirme Hélène Petit, consultante en recrutement chez Fed Finance. Une augmentation notamment portée dans les banques par la mise en place du PGE qui a nécessité leur expertise. » Les assureurs crédit notent également une tension sur ce marché en termes de recrutement. « Elle est néanmoins davantage due à l’expertise que nous attendons de nos analystes crédit, précise Rodolphe Capendeguy, directeur de l’information chez Allianz Trade en France. En effet, leurs missions s’inscrivent aujourd’hui dans un environnement de risques accru et de plus en plus diversifié (risques sanitaires, géopolitiques, économiques, etc.), conjugué à des problématiques de pénuries et d’approvisionnement que connaissent aujourd’hui de nombreuses entreprises. Un contexte qui nécessite notamment qu’ils renforcent leur niveau d’analyse du risque. »

Des missions de collecte et d’analyse d’informations

Au quotidien, l’analyste crédit a pour vocation de collecter des informations sur les entreprises ainsi que sur leur secteur d’activité, puis de les analyser afin d’évaluer leur risque financier. L’objectif de cette démarche consiste à apprécier de la manière la plus juste possible un risque d’impayé pour ensuite déterminer le niveau d’encours garanti ou de crédit qui sera octroyé. « A partir des informations que nous recueillons, souvent directement auprès de l’entreprise concernée, puis des analyses financières que nous réalisons, nous rédigeons un rapport motivé grâce auquel les arbitres d’Allianz Trade définissent les niveaux d’encours assurés », témoigne Clément Talon, analyste crédit confirmé chez Allianz Trade en France. Dans les établissements bancaires ou leurs filiales spécialisées en financement (affacturage, crédit-bail, leasing), les analystes crédit réalisent leurs analyses financières et rédigent une note de synthèse de la même manière. « Ce dossier permet alors de statuer sur l’octroi de la demande de financement de l’entreprise, précise Hélène Petit. Si le financement octroyé est supérieur à la délégation de l’analyste, alors le dossier est présenté et défendu en comité de crédit, parfois par l’analyste crédit lui-même, ou par son manager. »

Une solide expertise en finance d’entreprise

Pour remplir ces missions, l’analyste crédit doit avoir de solides compétences en analyse financière et finance d’entreprise. Généralement, il est diplômé d’un bac + 5 en banque (ITB ou CFPB), en comptabilité ou en finance. Certains ont également suivi un cursus en école de commerce. « Ils doivent savoir déchiffrer un bilan, un compte de résultat, une liasse fiscale, ajoute Hélène Petit. Ces connaissances leur sont notamment indispensables pour calculer des ratios financiers tels que le besoin en fonds de roulement ou le ratio de solvabilité de l’entreprise. »

Ils doivent également savoir intégrer dans leurs analyses des éléments davantage liés à l’économie, au secteur d’activité de l’entreprise ou encore aux évolutions réglementaires et actions gouvernementales susceptibles d’impacter un bilan. « Par exemple, si une entreprise a bénéficié ces derniers mois d’un PGE, de mesures de chômage partiel ou encore d’un échelonnement de dettes, l’analyste crédit doit pouvoir en mesurer l’impact sur les résultats de l’entreprise, indique Rodolphe Capendeguy. Chez Allianz Trade, les analystes crédit sont également des experts du tissu économique local et régional. »

Parler le même langage que ses interlocuteurs

A trente ans, Clément Talon a intégré Allianz Trade en qualité d’analyste crédit. Deux ans plus tard, il a évolué vers un poste d’analyste crédit confirmé. « Même pour un junior, ce poste requiert beaucoup d’autonomie dans l’analyse du risque, témoigne-t-il. Il s’agit d’une responsabilité prenante et formatrice. Dans le cadre de notre mission, nous échangeons régulièrement avec les directions financières et les directions générales. Nous devons à ce titre parler le même langage que nos interlocuteurs, raison pour laquelle des compétences en techniques financières sont indispensables. Nous devons également être en capacité de défendre des positions motivées. Dès lors que nous passons sur un poste de “confirmé”, nous avons en charge des dossiers plus importants et des missions managériales telle que la formation des nouveaux arrivants ou d’autres collaborateurs de l’entreprise sur certains sujets spécifiques. Le parcours professionnel d’un analyste crédit chez un assureur crédit le conduit généralement vers l’arbitrage. »

«L’analyste crédit doit avoir un goût pour l’investigation, ne pas hésiter à aller directement sur le terrain pour chercher des informations. »

Rodolphe Capendeguy Directeur de l’information ,  Allianz Trade France

Un bon sens critique

Parallèlement, les analystes crédit sont également attendus sur leur capacité d’adaptation et leur curiosité. « L’analyste crédit doit avoir un goût pour l’investigation, ne pas hésiter à aller directement sur le terrain ou à la source pour chercher des informations, ajoute Rodolphe Capendeguy. Nous cherchons ainsi des candidats aimant travailler en équipe tout en étant autonomes dans leurs missions au quotidien et surtout ayant une certaine aisance relationnelle, le sens du contact, du dialogue et de l’écoute, afin d’accentuer la proximité que nous avons avec les chefs d’entreprise à travers nos 18 bureaux en France. » L’analyste financier doit également avoir un sens des responsabilités. Il ne s’agit pas uniquement pour lui de rédiger une position de risque mais également de comprendre la situation de l’entreprise et son environnement de marché. « Notre analyse peut en effet avoir un impact, positif ou négatif, sur la politique de crédit de l’entreprise, souligne Clément Talon. Cette responsabilité nous amène à assurer un monitoring rigoureux des dossiers dont nous avons la charge et en particulier de ceux qui peuvent être problématiques. »

Les recruteurs plébiscitent également des candidats rigoureux, précis et perspicaces. « Il est important qu’ils sachent faire preuve de sens critique, afin que l’octroi d’encours ou de crédit soit établi sur la base d’une analyse suffisamment renseignée, éclairée, objective et tenant compte de l’environnement réglementaire, sectoriel et macroéconomique », précise Hélène Petit.

Des perspectives d’évolution attractives

Si les recruteurs exigent un niveau d’expertise croissant, les candidats retenus bénéficient de perspectives d’évolution variées et intéressantes. « Ils peuvent ainsi évoluer vers un poste de manager d’analystes crédit, ou de responsable des engagements, explique Hélène Petit. Ils ont également la possibilité d’exercer un métier davantage en contact avec les clients, tel que chargé d’affaires dans les banques. » Chez les assureurs crédit, ils ont la possibilité de postuler à des postes d’analyste crédit confirmé ou de responsable de délégation régionale. « Ils ont également la possibilité d’évoluer vers l’arbitrage et ainsi, d’être davantage en contact avec les clients, ou de passer sur des postes à dimension plus internationale », précise Rodolphe Capendeguy. Enfin, l’attractivité pour les candidats passe également par les salaires, allant de 35 000-38 000 euros annuels bruts pour les juniors jusqu’à 70 000-75 000 euros bruts pour les profils de managers expérimentés. 

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