Digitalisation

Quelles compétences pour la finance de demain ?

Publié le 7 janvier 2022 à 14h00

Anne del Pozo    Temps de lecture 6 minutes

Face à l’explosion du volume de données à exploiter et alors même que les fonctions financières en sont souvent les administrateurs, les métiers liés à la finance n’ont d’autre choix que d’évoluer et de s’approprier les nouvelles technologies. Les profils qui sauront associer compétences métiers et digitales vont devenir de plus en plus prisés.

Les directions financières sont actuellement confrontées à différents challenges, dont l’augmentation exponentielle du volume des données à gérer. « Il revient, principalement dans les PME, à la direction financière d’administrer ces données, puis de mettre en place des indicateurs permettant aux dirigeants de prendre des décisions éclairées pour piloter leur entreprise, et en renforcer la performance », explique Thierry Luthi, président de Report One et past président de la DFCG. Les directions financières, au cœur de ces prises de décision, ont besoin d’analyses précises pour accompagner leurs tableaux de bords. « Elles ont également besoin que ces données et tableaux de bords soient accessibles rapidement et compréhensibles par tous, ajoute pour sa part Olivier Pacaud, business manager IT chez Hays. Aujourd’hui, il existe sur le marché de nombreux outils d’analyse dynamiques, qui proposent de réaliser des indicateurs en temps réel et des reportings améliorés et efficaces. » De plus en plus, le digital permet à la fonction finance de répondre à ces nouveaux enjeux. « Mais pour s’inscrire dans cette démarche, les métiers de la finance doivent se réinventer et s’approprier les nouvelles technologies liées par exemple à la business intelligence, aux outils prédictifs ou encore à l’intelligence artificielle », poursuit Thierry Luthi.

Tout l’enjeu pour la direction financière consiste donc intégrer un surcroît de données. Cependant, pour maîtriser la data, mettre en œuvre, paramétrer et optimiser l’usage des nouveaux outils digitaux, les équipes finances dans l’entreprise doivent s’appuyer sur des compétences dont elles ne disposent pas toujours en interne. Certes, les profils de comptable, de contrôleur de gestion et de trésorier tendent à monter en compétences, s’appropriant les nouvelles technologies liées notamment à l’analyse des données. Mais pour tirer toute la quintessence de la masse de données désormais à leur disposition, les directions financières sont également à la recherche, de plus en plus souvent, de chefs de projets IT et finance, de data scientists ou de datas analysts.

«Il n’est pas rare que les organisations de taille modeste et moins structurées que les grands groupes recrutent un data scientist ayant des appétences pour la finance et le partagent avec les autres métiers clés de l’entreprise.»

Olivier Pacaud Business manager IT ,  Hays

Chef de projet IT et finance

Le profil de chef de projet IT/finance émerge donc actuellement, et il se trouve de plus en plus plébiscité par les grands groupes. Il a un rôle d’intermédiaire entre les équipes techniques et la direction de l’entreprise, dans la cadre du processus de digitalisation de la finance. Il encadre la mise en place de nouveaux ERP et autres outils d’analyse et de business intelligence. Il traduit les besoins de la direction afin de les transmettre efficacement aux équipes IT.

« Les entreprises peuvent également faire appel à des consultants fonctionnels finance externes venant du monde de l’édition ou de l’intégration de logiciels, précise Olivier Pacaud. D’où qu’ils viennent, ces profils sont alors généralement dotés de fortes compétences techniques en informatique et en capacité de s’approprier aussi bien les sujets IT que ceux de la finance. Ce métier allie ainsi trois grandes catégories de compétences : la gestion de projet, la maîtrise de l’informatique et le contrôle de gestion. »

S’ils sont généralement diplômés d’écoles spécialisées en informatique, certains disposent d’un véritable bagage financier et maîtrisent notamment les techniques comptables ou de contrôle de gestion. Leur revenu annuel est généralement compris entre 35 000 et 40 000 euros pour les profils juniors et 50 000 à 75 000 euros pour les plus expérimentés.

Des spécialistes de la cybersécurité très demandés

D’un point de vue général, dans le domaine de la haute technologie, les recruteurs relèvent un besoin massif de profils digitaux spécialisés dans la cybersécurité (33 % des demandes), la gestion de projets (24 %) et l’analyse de data (23 %), selon le guide des salaires 2022 édité par Robert Half. Un double processus de digitalisation dope actuellement les recrutements : la crise sanitaire a accéléré la digitalisation des entreprises et elles doivent intégrer de nouveaux outils à leur quotidien. Attirer et fidéliser les meilleurs talents est plus que jamais une priorité stratégique.

Data scientists et data analysts

Que ce soit dans le secteur de la finance (banque et assurance) ou dans la finance d’entreprise, les professionnels de la data (data scientists, data analysts) sont également de plus en plus plébiscités. « Ainsi, dans les banques et assurances, nous constatons de plus en plus de créations de postes de data analysts ou de data scientists, souligne Jean-Baptiste Gamel, manager recrutement IT chez Fed Finance. Dans les entreprises, ces profils sont généralement rattachés à la direction des services informatiques. « Si nous en voyons quelques-uns dans les services financiers, cela reste rare et réservé aux seuls grands groupes, relève pour sa part Olivier Pacaud. Il n’est cependant pas rare que des organisations de taille modeste et moins structurées recrutent un data scientist ayant des appétences pour la finance, et le partagent avec les autres métiers clés de l’entreprise. »

Le data analyst a pour vocation d’extraire des données brutes et de les analyser pour en tirer des conclusions stratégiques à haute valeur ajoutée et contribuer à développer des outils d’aide à la décision. D’un niveau supérieur dans la hiérarchie des nouveaux métiers du numérique, le data scientist est lui aussi un spécialiste de l’analyse de données brutes. Il conçoit et met en place des modèles prédictifs mathématiques et statistiques qui constituent des outils d’aide à la décision très recherchés. « Dans la finance, le data analyst est par exemple chargé d’exploiter les data, d’analyser les données financières afin d’accompagner l’équipe dans la prise de décision, explique Jean-Baptiste Gamel. Ses compétences en analyse de données lui permettent de participer au développement de la stratégie d’entreprise. Il gère la structure des bases de données dont il extrait les informations utiles, et met en avant les tendances du marché. Tout l’enjeu pour l’entreprise consiste également à stocker, protéger et sécuriser ces données, alors même que les cyberattaques tendent à se développer actuellement. Généralement, ces profils sont informaticiens, développeurs ou, de plus en plus, diplômés d’un bac + 5 en école d’ingénieurs avec une spécialisation sur les data et l’IT. Au regard des données qu’ils sont amenés à traiter, les recruteurs apprécient également qu’ils aient, en plus, une connaissance des questions financières au sens large », ajoute Jean-Baptiste Gamel. Aujourd’hui, ces profils restent rares sur le marché. Pour preuve, leur niveau de rémunération est assez élevé, entre 40 000 et 45 000 euros par an pour un junior bac + 5 et jusqu’à 80 000 euros pour un profil plus expérimenté.

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