Bien plus qu’une formation, du coaching privé ou du conseil, les programmes de mentorat s’inscrivent dans une dynamique d’accompagnement pour une durée déterminée, en toute neutralité. Si la démarche n’est pas nouvelle, elle fait de plus en plus d’adeptes, en particulier dans la finance.
Dans la finance comme dans de nombreux autres métiers, les programmes de mentorat ne manquent pas. Au-delà de ceux qui sont mis en place dans les entreprises, et qui ont souvent pour vocation de faciliter l’onboarding des nouveaux collaborateurs, les programmes proposés par les fédérations ou associations professionnelles ont de plus en plus la cote, aussi bien auprès des mentorés que des mentors. « Dans le cadre de notre programme DAF for Good, nous recevons de plus en plus de candidats au mentorat, précise ainsi Alain Iozzino, directeur administratif et financier et président de DAF for Good, l’un des programmes de mentorat de la DFCG. Ils nous sont envoyés par des fonds d’investissements, des incubateurs, des réseaux de start-up qui nous font une présélection des candidats. » Une tendance également constatée par l’AFTE. Chaque année, l’association française des trésoriers d’entreprise reçoit une dizaine de candidatures au mentorat, une demande en augmentation constante depuis la création du programme en 2022.
De jeunes professionnels adeptes du mentoring
L’engouement actuel pour le mentorat pousse d’ailleurs les associations professionnelles à développer de nouveaux programmes en la matière, en particulier pour les jeunes professionnels, particulièrement demandeurs en la matière. DFCG Avenir, un groupe d’échange composé de DAF de moins de 36 ans vient ainsi de lancer ce nouveau programme conçu pour mettre en relation des directeurs financiers et contrôleurs de gestion expérimentés avec des jeunes talents en début de carrière. « Un dispositif qui a rencontré un franc succès dès le lancement de la première promotion », souligne Alain Iozzino. C’est également pour soutenir la nouvelle génération de professionnels du capital-investissement que France Invest a pour sa part lancé en septembre dernier son tout nouveau programme de mentorat pensé par le conseil d’administration des moins de 35 ans en France. « La centaine de candidatures que nous avons reçues à l’annonce du programme témoigne de l’enthousiasme et de la motivation des participants, explique Claire Chabrier, marraine de ce programme et présidente de France Invest de 2021 à 2023. Cette année, France Invest a ainsi pu constituer 20 binômes de mentors/mentorés. Au travers de ce système de mentorat, nous entendons faciliter leur intégration dans l’écosystème, accélérer la constitution de leur réseau et les accompagner pour qu’ils deviennent les leaders de demain. »
«Le mentorat m’a rassurée sur la direction que j’avais donnée à mon parcours professionnel.»
Un besoin de regard extérieur
En effet, ces programmes de mentorat ont généralement pour vocation d’accompagner les professionnels de la finance à des moments clés de leur carrière, que ce soit en début ou en milieu de parcours professionnel. « Il arrive que des trésoriers, notamment en ETI, se sentent isolés dans le traitement de certaines thématiques liées à notre métier. Parfois, au cours de leur carrière, ils peuvent avoir besoin d’un regard extérieur venant d’un de leurs pairs », explique Géraldine Conde Amal, directrice de la trésorerie groupe ECG, vice-présidente de la commission ETI et membre fondatrice du comité de pilotage du programme mentorat de l’AFTE. Le programme mentORat de l’AFTE favorise ainsi le partage d’expériences entre pairs et permet à ceux qui le souhaitent de s’inspirer du parcours de professionnels plus avancés dans leur carrière. « Il offre aux mentorés l’opportunité de bénéficier des conseils de trésoriers expérimentés pour favoriser leur développement professionnel et l’amélioration de leurs compétences interpersonnelles. Nous avons pour vocation de les aider à grandir dans l’évolution de leur carrière, et non uniquement d’intervenir pour résoudre un problème technique ponctuel », précise Jean-Christophe Sautereau, directeur financements, trésorerie & assurances groupe au sein de SMCP, et mentor AFTE.
Cette approche vise à les soutenir sur le long terme dans leur progression professionnelle. C’est ainsi l’une des raisons qui a poussé Sophie Bradelle, group treasury manager chez QAIR, à candidater au programme de mentorat de l’AFTE. « Il y a huit ans, je suis passée d’un poste de financements de projets dans le domaine des énergies renouvelables à un poste intégrant le financement mais aussi la trésorerie dans une entreprise qui grandit très vite, explique Sophie Bradelle. J’ai eu besoin de faire un point d’étape sur mon parcours professionnel et de prendre conseil auprès d’un pair sur le bien-fondé de mes choix. Ce mentorat m’a rassurée sur la direction que j’avais donnée à mon parcours professionnel. » Chez France Invest, les jeunes talents accompagnés bénéficient pour leur part, pendant toute l’année de leur mentorat, d’une écoute attentive, de réflexions et d’un soutien personnalisé de leur parcours. « Ce mentorat va me permettre de mieux structurer la suite de mon parcours, de clarifier mes priorités, de renforcer ma posture commerciale et de gagner en confiance dans des contextes de représentation », témoigne ainsi Miriam Yaker, investment associate infra chez Demeter.
Des partages de bonnes pratiques
Certains programmes de mentorat s’articulent plus autour d’un partage de bonnes pratiques métier. DAF for Good de la DFCG a ainsi davantage pour objectif d’accompagner les mentorés des start-up ou les jeunes mentorés dans leurs choix stratégiques de développement, plutôt que dans leur carrière professionnelle. « Dans le cadre de notre programme, nous proposons aux dirigeants d’être mentorés par un duo de DAF pendant un an, poursuit Alain Iozzino. Ils ont pour vocation de les aider dans leurs choix stratégiques en les traduisant en chiffres, et d’assurer ainsi la pérennité et le développement de l’entreprise, notamment en prévoyant ses besoins en financement. Cela transforme les réflexions des sociétés qui reçoivent des conseils de haut niveau, ce qui les aide dans leurs choix de pivots, d’investissement, de recrutement… Avec souvent de belles histoires où les DAF investissent, font profiter de leurs réseaux, et parfois même font acheter la société par leur groupe. »
Quelle que soit la finalité de ces programmes, la mise en relation des mentors avec les mentorés passe par un processus de recrutement préétabli. L’AFTE a par exemple mis en place un comité de pilotage du mentorat, animé par cinq trésoriers expérimentés et actifs au sein de l’association. « Nous étudions chaque dossier de candidature de mentors et de mentorés reçu, précise Géraldine Conde Amal. Nous réalisons ensuite des entretiens pendant lesquels nous essayons de comprendre les attentes des mentorés et des mentors afin de constituer, de façon collégiale, la bonne paire. » Ces entretiens sont l’occasion pour les mentorés d’expliquer les raisons qui les poussent à adhérer à ce programme. « J’avais pour l’occasion préparé une liste de sujets sur lesquels je souhaitais être accompagnée, comme le management, comment prendre davantage de responsabilités en respectant un certain équilibre vie privée/vie professionnelle ou encore sur des sujets davantage orientés trésorerie mais pour autant, pas sur des problématiques métier, précise Sophie Bradelle. Les mentors sont pour leur part sélectionnés sur la base du volontariat, du bénévolat et de leurs expertises métiers. » « Cette démarche de mentorat demande du temps et nous veillons donc à la motivation réelle des mentors et à leur capacité à s’engager dans la durée auprès du mentoré », précise Alain Iozzino. Ces programmes font également l’objet d’une charte dans le cadre de laquelle les mentors comme les mentorés s’engagent à respecter notamment la confidentialité des échanges.
Des programmes destinés aux étudiants
Certains programmes de mentorat s’adressent à des jeunes qui sont encore étudiants. Leur objectif consiste alors davantage à les éclairer sur les métiers dans la finance et à les aider dans leurs choix de stages et de poursuite d’étude. L’APDC a ainsi mis en place un système de mentorat qui s’adresse aux étudiants du BUT de gestion des entreprises et des administrations (GEA) de l’Université Créteil-Vitry. « Au travers de ce programme qui s’accompagne d’une bourse, nous entendons montrer à ces étudiants qu’un chemin vers les métiers de la comptabilité est possible », explique Elodie Tilmant, directrice comptabilités, gouvernance & gestion corporate chez TotalEnergies et mentor au sein de l’APDC.
Ce mentorat a ainsi guidé Emma Verdelet, actuellement stagiaire en consolidation au sein du groupe Bouygues et mentorée par Elodie Tilmant, vers une licence en management des organisations, comptabilité et finance à l’Université Paris Dauphine après l’obtention de son BUT GEA. « Ma mentore me conseille sur mon parcours et les formations et stages à réaliser en fonction de ce que j’aime ou non dans mes cours, précise ainsi Emma Verdelet. Pendant nos échanges mensuels, elle me fait également part de son expérience professionnelle et m’explique son propre cheminement de carrière, afin de m’éclairer sur les différentes perspectives d’évolution qui s’offrent à moi, mais aussi sur le quotidien des métiers qu’elle a exercés. » Un mentorat qui lui a notamment permis de s’orienter vers un master en comptabilité contrôle et audit à l’Université Paris Dauphine, et vers des stages orientés consolidation.
