Baromètre rémunération des fonctions financières Michael Page, DFGC, AFTE, Option Finance

Une année 2014 en demi-teinte pour les contrôleurs de gestion

Publié le 17 octobre 2014 à 14h51    Mis à jour le 20 octobre 2014 à 16h03

Alexandre Rajbhandari

De plus en plus sollicités, les contrôleurs de gestion affichent paradoxalement une rémunération en léger retrait par rapport à l’année dernière. Une situation qui n’est pas sans conséquence sur leur taux de satisfaction.

Les temps changent pour les contrôleurs de gestion. Alors que leurs augmentations salariales avaient sensiblement progressé l’année dernière, elles marquent le pas en 2014. Tel est le constat de l’édition 2014 du baromètre annuel réalisé par Michael Page et Option Finance, en partenariat avec l’Association nationale des directeurs financiers et des contrôleurs de gestion (DFCG) et l’Association française des trésoriers d’entreprise (AFTE). Comparant depuis 2012 l’évolution des rémunérations des différents postes de la fonction finance, cette étude s’est focalisée cette année sur les directeurs financiers, les trésoriers et les contrôleurs de gestion. Elle montre que ces derniers, habitués à figurer comme les principaux bénéficiaires en termes de revalorisation salariale, sont désormais les moins bien servis au sein des directions financières des entreprises ! Dans l’ensemble, ils ont perçu une augmentation moyenne de 1,4 %, contre 2,1 % pour les trésoriers et 2,2 % pour les directeurs financiers. Ce ralentissement concerne tous les postes de contrôle de gestion, dans une ampleur globalement similaire. «Un phénomène surprenant car même si, en temps de crise, la maîtrise des coûts passe par une gestion rigoureuse de la masse salariale, leur rôle dans l’entreprise gagne en importance d’année en année», observe Mikaël Deiller, manager exécutif senior chez Michael Page.

Des rémunérations fixes en hausse, pour les seuls responsables

Cette évolution tient d’abord à celle de leur rémunération fixe, qui s’est en majorité stabilisée, voire a évolué à la baisse en 2014, dans une fourchette de 52 000 à 53 000 euros, quel que soit le domaine d’activité (contrôle de gestion central, marketing, industriel ou de projet). «Les candidats ont changé d’attitude lors du processus de recrutement. Certains sont désormais moins regardants sur les niveaux de salaires proposés par les employeurs qu’auparavant, explique Mikaël Deiller. En effet, ils sont très nombreux sur le marché, et leur principale exigence est de décrocher un CDI, en privilégiant le projet d’entreprise, la pérennité et la stabilité du poste.» Les seuls à échapper à cette tendance sont… les responsables de contrôle de gestion. Ceux-ci ont vu leur rémunération annuelle augmenter de 5,8 % en un an, passant de 68 000 à 72 000 euros. «Ces postes sont principalement pourvus par promotion interne, constate Mikaël Deiller. On peut donc imaginer que, désormais, les directions financières attendent de promouvoir leurs contrôleurs de gestion en tant que responsables pour revaloriser leur salaire.»

Une baisse généralisée des variables

En revanche, en ce qui concerne les rémuné- rations variables, l’ensemble des contrôleurs de gestion, qu’ils soient responsables ou non, sont logés à la même enseigne. Alors que leur part au sein de la rémunération globale s’était renforcée ces dernières années, elle a eu tendance à légèrement diminuer, puisqu’elle évolue dans une fourchette de 4,9 % à 9,1 % en 2014, au lieu de 7,5 % à 9,9 % l’année dernière. «Cette diminution est principalement liée à une dégradation des performances des entreprises, sur lesquelles sont souvent indexées les rémunérations variables, explique Mikaël Deiller. Ce faisant, les employeurs promettent de moins en moins de variable à l’embauche, afin de ne pas susciter de faux espoirs, qui pourraient se transformer en frustration.» A la marge, certains profils de 52 % 49 % contrôleurs de gestion sont davantage péna- lisés que d’autres. C’est le cas des contrôleurs de gestion industriels. Ils bénéficient en effet d’une part de rémunération variable qui ne représente que 4,9 % de leur salaire annuel, alors que les contrôleurs de gestion de pro- jets bénéficient d’un variable de 5,8 %, et les contrôleurs de gestion marketing, de 6,5 %. Une différence qui peut s’expliquer par un effet de rareté de moins en moins important. «Alors que les postes de contrôleur de ges- tion industriel, qui sont généralement situés en province dans des zones industrielles, ont longtemps été difficiles à pourvoir, on observe qu’il y a désormais plus de candidats pour ces fonctions sur le marché, explique Mikaël Deiller. Les recrutements sont un peu moins compliqués à réaliser, même si cette tendance peut rapidement s’inverser.» Cette baisse globale des parts de variable est toute- fois à relativiser, car ces dernières demeurent supérieures aux niveaux de 2012.

Un turnover élevé

Mais ce constat ne suffit visiblement pas à motiver les équipes ! En effet, en 2014, la part des contrôleurs de gestion interrogés satisfaits de leur emploi accuse une baisse significative par rapport à l’année dernière : seulement 60 % d’entre eux s’estiment satisfaits, contre 69 % l’année dernière. Cette dégradation, qui touche tous les postes, a de quoi inquiéter les directions financières, pour qui la fonction de contrôleur de gestion figure parmi les plus volatiles en termes de ressources humaines. En effet, 15 % d’entre elles disent rencontrer des problèmes à fidéliser leurs contrôleurs de gestion. Si c’est un peu moins que pour les comptables (18 %), la part est cependant bien plus élevée que pour les postes de trésorerie et de financement (4 %) ou encore d’audit (2 %). Au cours des douze derniers mois, près d’un tiers (29 %) des contrôleurs de gestion interrogés ont ainsi changé de poste. Une proportion qui se retrouve chez tous les contrôleurs de gestion, mais qui est légèrement moins mar- quée pour les contrôleurs de gestion marke- ting (18 %). «Contrairement aux fonctions de contrôle de gestion central ou corporate, les postes qui se focalisent sur les aspects opérationnels marketing et commerciaux amènent à s’intéresser à des thématiques de transformation organisationnelle profondes, explique Mikaël Deiller. Par conséquent, ces profils ont moins facilement l’impression d’avoir fait le tour de leur fonction, et restent plus long- temps à leur poste, ce dernier étant particulièrement évolutif.»

Afin de limiter le turnover de ces équipes, le défi des directions financières va donc consister à répondre aux attentes de leurs contrôleurs de gestion. Pour ce faire, elles peuvent mettre l’accent sur la formation. En effet, cette dernière figure parmi les principaux éléments que les contrôleurs de gestion aimeraient voir s’améliorer dans leur quotidien (36 % des répondants), après l’équilibre entre la vie personnelle et professionnelle (40 %). «Il ne faut pas oublier que les contrôleurs de ges- tion, dans l’ensemble, sont jeunes, souligne Mikaël Deiller. Ils ont à cœur de maintenir leur employabilité à un niveau élevé face à une forte concurrence sur le marché, et d’acquérir de nouvelles compétences pour leur évolution professionnelle au sein de la direction financière.» En effet, 42 % d’entre eux espè- rent devenir responsables ou directeurs administratifs et financiers. Ils cherchent donc à se donner les moyens de leurs ambitions !

Des bénéficiaires de rémunérations additionnelles en léger recul

La part des contrôleurs de gestion bénéficiaires d’un dispositif de rémunération complémentaire enregistre un léger retrait cette année. En effet, 52 % des répondants jouissent d’un programme d’intéressement, et 49 % d’un régime de participation. En 2013, ils étaient respectivement 54 % et 55 %.

Des profils régulièrement contactés pour des offres d’emploi

Pour la première fois cette année, le baromètre Michael Page-Option Finance-DFCG-AFTE a décidé de s’intéresser aux offres d’emploi qu’ont reçues les collaborateurs de la fonction finance au cours de l’année écoulée. Les résultats montrent que les profils financiers sont très sollicités, et que, parmi eux, ce sont les contrôleurs de gestion qui le sont le plus. En effet, 74 % d’entre eux attestent avoir été sollicités pour un autre poste au cours des douze derniers mois, soit légèrement plus que les trésoriers (70 %) et les directeurs administratifs et financiers (69 %). La proportion grimpe même à 81 % chez les contrôleurs de gestion de moins de 35 ans.

Pour 37 % des collaborateurs approchés, ces sollicitations ont d’ailleurs été plus nombreuses que l’année précédente. Ainsi, 69 % d’entre eux ont été contactés entre deux et quatre fois dans l’année, et 16 % à cinq reprises ou plus – chez les moins de 35 ans, ce chiffre grimpe à 22 %. «Ces chiffres, très élevés, pourraient s’expliquer par le fait que, aujourd’hui, les professionnels de la finance sont davantage visibles sur les réseaux sociaux, et se font donc plus facilement remarquer par d’éventuels recruteurs», explique Mikaël Deiller.

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