Consolideurs

Une expertise de mieux en mieux rémunérée

Publié le 18 octobre 2013 à 18h14    Mis à jour le 8 avril 2014 à 16h46

Hafida Aboulouard

Après les contrôleurs de gestion en septembre, le deuxième volet de la grande enquête sur les rémunérations des fonctions financières menée par la DFCG, le cabinet de recrutement Michael Page et «Option Finance» porte ce mois-ci sur les consolideurs. Spécialistes rares et très recherchés, ils sont particulièrement choyés par les entreprises.

Parmi les métiers de la direction financière, les consolideurs font partie des plus favorisés en termes de rémunération, selon les résultats de l’étude sur les rémunérations, réalisée par l’Association des directeurs financiers et de contrôle de gestion (DFCG), Michael Page et «Option Finance». Une situation qui s’explique par le fait qu’il s’agit d’une ressource diffi cile à trouver.«Le marché est traditionnellement tendu car cette fonction nécessite des compétences et des connaissances spécifi ques dont disposent peu de cadres financiers», témoigne Johann Van Nieuwenhuyse, directeur senior chez Michael Page Finance et Comptabilité. La préparation des comptes consolidés est en effet un métier d’expert qui demande une forte maîtrise des techniques comptables et des normes IFRS, ainsi que de très bonnes connaissances juridiques et fiscales. En conséquence, ce poste n’est ouvert qu’à des professionnels expérimentés.

Des financiers expérimentés

En effet, contrairement aux contrôleurs de gestion, qui peuvent intégrer l’entreprise directement après leurs études, les consolideurs doivent acquérir au moins trois à quatre ans d’expérience préalable pour développer les compétences nécessaires. Ainsi, seuls 2 % des consolideurs interrogés ont débuté à ce poste. «Il s’agit du plus faible taux parmi l’ensemble des métiers de la finance», souligne Johann Van Nieuwenhuyse. Près de 50 % des consolideurs interrogés ont plus de onze ans d’ancienneté dans la fonction finance d’entreprise, dont 34 % entre onze et quinze ans, 4 % entre seize et vingt ans et 9 % plus de vingt ans. Parmi les voies principales pour accéder à cette fonction figurent, en toute logique, les métiers de la comptabilité pour 50 % des consolideurs. En outre, 24 % des personnes interrogées sont issues du contrôle de gestion et 15 % émanent des cabinets d’audit. Ces exigences jouent naturellement sur la rémunération des consolideurs. Ainsi, seuls 13 % d’entre eux perçoivent un salaire brut annuel inférieur à 40 000 euros.

 «40 % des cadres interrogés disposent d’un revenu fixe compris entre 50 000 et 70 000 euros», souligne Johann Van Nieuwenhuyse. Plus les responsabilités des consolideurs sont importantes, plus leur salaire augmente en conséquence. Ainsi, 26 % d’entre eux bénéficient d’une rémunération qui excède 60 000 euros bruts annuels et 9 % perçoivent plus de 100 000 euros. Toutefois, ce niveau de salaire reste réservé à une catégorie bien spécifi que. «Il s’agit de directeurs de consolidation au sein des grandes sociétés du SBF 120», explique Johann Van Nieuwenhuyse.

Une part variable de plus en plus importante

Par ailleurs, en termes d’augmentations, les consolideurs ont plutôt été favorisés. Certes, 42 % d’entre eux n’ont pas bénéficiéd’une hausse de salaire en 2013. Mais, parmi ceux qui ont pu en profiter, 21 % ont obtenu une augmentation de plus de 3 %. «Il s’agit d’une des rares fonctions de la direction financière à avoir vu les salaires s’accroître sur la période», indique Johann Van Nieuwenhuyse. En outre, cette rémunération fixe est complétée par une part variable, dont bénéfi cient 79 % des consolideurs interrogés. «Cette composante du salaire est de plus en plus importante dans la consolidation, précise Johann Van Nieuwenhuyse. Il s’agit véritablement d’une tendance de fond qui se renforce chaque année.»

Ainsi, un tiers des répondants profite d’une part variable comprise entre 5 et 10 % et un autre tiers bénéficie d’une prime variable comprise entre 10 et 20 %, selon le niveau de responsabilits des consolideurs. En outre, cette fonction s’exerçant principalement dans les grandes sociétés et les groupes internationaux, les compléments de rémunération comme l’intéressement et la participation sont courants. Ainsi, 62 % des consolideurs interrogés perçoivent une rémunération additionnelle du type intéressement et 66 % d’entre eux une participation. A contrario, les avantages en nature ne sont pas répandus dans la profession : 71 % des consolideurs ayant répondu à l’enquête n’en bénéficient pas.

Seuls 18 % d’entre eux profitent d’un véhicule de fonction et 8 % disposent d’une retraite additionnelle. «Ces avantages sont en général réservés à des cadres dirigeants, poursuit Johann Van Nieuwenhuyse. Il s’agit toutefois d’un taux relativement important car, il y a encore cinq ans, le directeur de la consolidation n’était pas reconnu comme un manager fi nancier de premier plan, ce qui n’est désormais plus le cas.»

Une mission qui s’élargit

Cette rémunération attractive explique que les directeurs financiers rencontrent peu de problèmes de fidélisation dans cette fonction. Seuls 3 % d’entre eux font en effet état de diffi cultés en la matière dans la consolidation, contre 14 % pour le contrôle de gestion et même 18 % pour la comptabilité. Ainsi, 45 % des consolideurs ayant répondu à l’enquête ont plus de trois ans d’ancienneté dans leur poste actuel, et 19 % occupent le même poste depuis plus de cinq ans. «Outre un niveau de salaire satisfaisant, les consolideurs bénéfi cient également d’un élargissement du contenu de leur fonction, explique Johann Van Nieuwenhuyse. Si auparavant le rôle des consolideurs se concentrait sur le respect des contraintes réglementaires, ils exercent désormais également des missions de conseil auprès du directeur financier, au moment du rachat ou de la cession d’une entreprise par exemple.»  

Un souhait d’évolution vers des postes moins techniques

Tous ces éléments expliquent que sept consolideurs sur dix se plaisent dans leur poste. Toutefois, 48 % d’entre eux souhaitent bénéfi cier de formations, contre 31 % en 2012. «Chaque année, les normes IFRS évoluent, les consolideurs ont donc sans cesse besoin de réactualiser leur connaissance, précise Johann Van Nieuwenhuyse. En outre, près de 40 % des personnes interrogées envisagent d’évoluer vers des postes moins techniques. Or, ils ne sont pas toujours formés à ces éléments.»

Ainsi, si 42 % des consolideurs interrogés souhaitaient encore poursuivre leur carrière comme responsable ou directeur de la consolidation en 2012, ils ne sont plus que 39 % à envisager cette option cette année. Les consolideurs sont en effet beaucoup plus ambitieux que l’année dernière. Un tiers d’entre eux envisagent même d’évoluer vers le poste de responsable ou de directeur fi nancier. Un objectif qui ne paraît pas inatteignable, le département étant de plus en plus considéré comme une pépinière de talents au même titre que l’audit…

 

 

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