Emmanuel Macron : le bilan 

Les chiffres à retenir

Publié le 1 avril 2022 à 11h48

 Temps de lecture 5 minutes

La présidence d’Emmanuel Macron aura été marquée par une succession de crises, qui l’ont conduit à infléchir sensiblement sa politique économique. Mise entre parenthèses dès 2019 à la suite du mouvement des « gilets jaunes », la réduction des dépenses publiques et de la dette n’a pas résisté au choix fait en mars 2020 du « quoi qu’il en coûte ». Un arbitrage justifié par la nécessité d’amortir le choc de la crise sanitaire, mais qui réduit les marges de manœuvre du prochain quinquennat.

Croissance économique

Du point de vue de l’activité économique, le quinquennat d’Emmanuel Macron a bien sûr été marqué par la crise sanitaire, qui a entraîné la pire récession enregistrée en France depuis l’instauration du calcul du PIB, en 1945. Auparavant, la croissance des premières années Macron avait été supérieure à la moyenne de celle des années Hollande, atteignant 1,9 %, contre 1,3 % pendant le quinquennat précédent. Si l’économie française a plongé en 2020, elle s’est très bien rétablie en 2021, se situant dans la moyenne de la zone euro. A cet égard, l’Allemagne affiche des performances inférieures, avec un PIB égal en 2021 à celui de 2017. Celui de la France a crû de 2,1 % au total sur cette période.

Déficit public

Si Emmanuel Macron a d’abord repris l’effort de réduction du déficit public entamé puis quelque peu délaissé sous François Hollande, la récession historique de 2020 et la politique du « quoi qu’il en coûte » ont annihilé tous ces efforts. Alors que le déficit a été ramené à 3 % du PIB en 2017, soit la limite fixée par les traités européens, il a culminé à 9,2 % du PIB en 2020. Les recettes des administrations publiques, considérées globalement, ont chuté de 5 % cette année-là, tandis que leurs dépenses ont crû, elles, de 5,5 %. Entre 2019 et 2020, le déficit français s’est dégradé de 6 points de PIB, ce qui correspond à la moyenne européenne, mais la France partait de plus haut, d’où un atterrissage à un niveau très élevé, proche de la situation italienne. 

Dette publique

Emmanuel Macron était tout juste parvenu à stabiliser la dette publique en début de mandat, mais celle-ci a explosé sous l’effet du déficit record de 2020. La hausse a alors atteint 17,5 points de PIB, contre + 14,3 points en moyenne dans la zone euro. La croissance de 2021 a permis un léger reflux, l’endettement revenant à 112,9 % de la production nationale, après 114,6 % fin 2020. La France sort de la crise comme elle y était entrée, beaucoup plus endettée que l’Allemagne ou les Pays-Bas, et presque autant que l’Espagne. Seule l’Italie se situe bien au-dessus, parmi les grands pays européens. 

Dépenses publiques

Emmanuel Macron s’était engagé à réduire les dépenses publiques de 1 point de PIB par an, pour les ramener en cinq ans à un niveau proche de 50 % de la richesse nationale. L’objectif a été abandonné en 2019 après la crise des « gilets jaunes ». Nul n’aurait imaginé toutefois que les dépenses publiques exploseraient à plus de 60 % du PIB. Entre 2019 et 2020, le poids de ces dépenses est passé subitement de 55,4 % à 61,6 % de la production nationale. L’augmentation de 6,2 points est légèrement inférieure à la moyenne des pays de la zone euro, mais supérieure à celle de l’Allemagne (+ 5,8 points). La France partait de plus haut, se trouvant déjà en tête de la dépense publique en Europe en 2019. Elle reste au sommet, devançant sensiblement le deuxième pays le plus dépensier, la Belgique (59,2 % du PIB).

Prélèvements obligatoires

C’est d’une courte tête que le Danemark affiche le taux le plus élevé de prélèvements obligatoires en Europe, à 47,6 % du PIB, juste devant la France (47,5 %). Au total, entre 2017 et 2021, les prélèvements ont reflué de 0,6 point de PIB. Une baisse plus nette en début de quinquennat a été suivie d’une remontée technique en 2020, les recettes fiscales étant assises sur des revenus et une consommation stables, tandis que le PIB chutait.

Emploi

Ses mauvaises performances régulières en matière d’emploi et de chômage donnent à penser que la France ne fait pas mieux que les pays méditerranéens en la matière. En fait, la proportion de personnes disposant d’un emploi se situait, en 2020, dans la moyenne européenne, entre les pays du Sud et ceux du Nord. Avec des mesures en faveur de l’apprentissage fortement dopées depuis mars 2020, Emmanuel Macron a réussi à augmenter sensiblement l’embauche des jeunes en 2021, faisant monter le taux d’emploi global et baisser le chômage, mais dans des proportions encore trop limitées.

Création d’entreprises 

Les créations d’entreprises ont été dopées par le doublement du plafond de chiffre d’affaires des micro-entreprises.

Inflation

La France est très clairement le pays où l’inflation a le moins augmenté depuis l’automne 2021. En février, les prix ont progressé de 4,2 % sur un an, bien en dessous de la moyenne de la zone euro (+ 5,9 %). Cette « performance » tient à l’ensemble des mesures de plafonnement des prix du gaz et de l’électricité, dont le coût global pour l’Etat est estimé à 20 milliards d’euros. 

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